Jamais la sélection iranienne n’avait commencé une Coupe du monde avec autant de regards braqués sur elle. Personne ne mise pourtant sur une victoire au Qatar ni même un parcours de demi-finaliste de la Tim-e melli, qui n’a jamais franchi le premier tour du tournoi en six participations.
C’est bien la situation politique en Iran – les manifestations pour les droits des femmes violemment réprimées par le régime des ayatollahs depuis bientôt deux mois – et ses répercussions en équipe nationale qui occupent tous les esprits. Le 12 novembre, l’ONG Iran Human Rights estimait qu’au moins 344 manifestantes et manifestants ont été tués et plus de 15 000 arrêtés depuis la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs à Téhéran pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire strict imposé par le régime.
Lundi 21 novembre, au stade international Khalifa, l’équipe d’Iran affrontait l’Angleterre pour le premier match du groupe B. Les footballeurs iraniens se sont lourdement inclinés, 6-2, mais c’est leur attitude avant le coup d’envoi qui a marqué les esprits. Au moment des hymnes, le onze des titulaires n’a, en effet, pas chanté Sorude Melliye Jomhuriye Eslamiye Iran, l’hymne national de la République islamique d’Iran.
A la veille du début de la Coupe du monde, l’ayatollah Ali Khamenei avait pourtant lancé un avertissement clair : l’équipe ne devait pas « manquer de respect » à l’Iran.
Des choix personnels et collectifs
Durant la semaine, le capitaine, Alireza Jahanbakhsh, avait expliqué que les joueurs décideraient « collectivement » de chanter ou non l’hymne national en signe de soutien aux victimes des manifestations. Et que célébrer ou pas un éventuel but durant la Coupe du monde relèverait, en revanche, d’un choix « personnel ». La situation s’est présentée à la 65e minute et pendant les arrêts de jeu, lorsque Medhi Taremi a réduit le score par deux fois, à la grande joie du public iranien. A chaque fois, le buteur a été salué modestement par ses coéquipiers, dont il a simplement tapé la main lors de son premier but.
Lundi, au moment de l’hymne, une majorité de fans iraniens ont applaudi et chanté dans les tribunes. Mais quelques-uns ont aussi protesté et des huées se sont fait entendre. Un homme portait un tee-shirt noir avec le slogan « Rise with women of Iran », deux autres adressaient un doigt d’honneur en direction du terrain, tandis qu’une grande banderole avec le slogan « Woman, Life, Freedom » était brandie en tribunes. Ce qui a déplu au sélectionneur portugais, Carlos Queiroz : « Les fans qui ne veulent pas supporter l’équipe peuvent rester à la maison. On n’a pas besoin d’eux. Ils ne sont pas les bienvenus. »
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