C’est une décision rarissime. Le gouvernement allemand vient de bloquer la vente d’une usine du groupe Elmos Semiconductor à Silex, une filiale suédoise de la société chinoise Sia Microelectronics. Elmos Semiconductor fabrique des puces électroniques destinées au marché de l’automobile.
La sécurité nationale en jeu
L’exécutif allemand a justifié sa décision dans un lors d’un point de presse. Selon lui, cette acquisition constitue une mise en danger de “la sécurité de l’Allemagne”. Par ailleurs, une approbation de la vente “sous certaines conditions” n’aurait pas “suffi à contrer les dangers perçus” par le pays. Pour le ministre de l’Économie, Robert Habeck, il est primordial pour l’Allemagne “d’examiner de près les rachats impliquant des infrastructures importantes ou lorsqu’il existe un risque de transfert de technologie vers des acheteurs de pays non membres de l’UE”.
Selon ses mots, il est important que l’industrie technologique, et notamment celle des semi-conducteurs, soit protégée au sein de l’Allemagne, et plus généralement en Europe. “L’Allemagne est et restera naturellement une destination ouverte aux investissements, mais nous ne sommes pas naïfs”, a ajouté le ministre.
La société Silex avait annoncé en décembre 2021 le rachat à venir d’une usine du groupe Elmos basée à Dortmund pour la coquette somme de 85 millions d’euros. Le groupe allemand a réagi à la décision du gouvernement dans un communiqué. Elmos regrette cette opportunité et fait savoir que “le transfert de nouvelles technologies micromécaniques (…) de la Suède et des investissements importants sur le site de Dortmund auraient renforcé la production de semi-conducteurs en Allemagne”. De son côté, le chinois Sia Microelectronics exprime de “profonds regrets” suite à cette décision politique.
ERS Electronic aussi concernée
Selon La Tribune, le ministère de l’Économie allemand s’est basé sur des recommandations des services de renseignement avant d’imposer l’interdiction de la vente. Dans le même temps, le gouvernement d’Olaf Scholz aurait également choisi de poser son veto sur le rachat de l’entreprise ERS Electronic par une société chinoise pour l’heure inconnue. ERS Electronic fabrique de son côté des solutions de gestion thermique à destination de l’industrie des semi-conducteurs.
Ces interdictions, notables dans un pays à l’économie libérale, interviennent à quelques jours de la rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping. Cette dernière vise à apaiser les relations entre les deux pays, notamment sur la question des semi-conducteurs.