Les premiers résultats des élections américaines de mi-mandat commençaient à tomber mardi, au début d’une soirée qui s’annonçait longue et tendue tant elle était décisive pour l’avenir politique de Joe Biden et Donald Trump.
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Les bureaux de vote ont fermé sur une partie de la côte est des États-Unis. Mais il faudra attendre des heures, voire plusieurs jours, ont prévenu les autorités, pour déterminer la couleur du prochain Congrès à Washington.
Handicapé par une inflation record, le président démocrate de 79 ans risque de perdre le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat lors de ces scrutins de mi-mandat traditionnellement défavorables au parti au pouvoir, et de voir son action paralysée pour les deux prochaines années.
Son prédécesseur Donald Trump, qui a soutenu avec vigueur un grand nombre de candidats républicains, mise pour sa part sur leur succès pour se lancer sous les meilleurs auspices dans la course à la présidentielle 2024.
Lors de sa dernière réunion, il a promis «une très grande annonce» le 15 novembre.
Omniprésent dans la campagne, Donald Trump semble aussi vouloir couper l’herbe sous le pied de potentiels rivaux républicains, comme Ron DeSantis, étoile montante du parti, largement réélu en tant que gouverneur de Floride mardi soir, selon les médias américains.
En attendant, « je pense que nous allons passer une très bonne nuit », a prédit Donald Trump en sortant d’un bureau de vote en Floride. Dans cet État du sud, les républicains ont aussi été confortés par la réélection du sénateur Marco Rubio face à la démocrate Val Demings, pour qui Joe Biden était venu faire campagne.
Les démocrates ont toutefois déjà arraché deux postes de gouverneurs aux républicains: dans le Maryland et le Massachusetts, où Maura Healey sera la première lesbienne à la tête d’un État.
«Civilisé»
Signe du climat abrasif dans lequel s’est tenu ce scrutin: Donald Trump rejouait en parallèle la partition qui est la sienne depuis sa défaite en 2020, attisant les doutes sur la régularité des opérations de vote. Notant que des machines de vote ont dysfonctionné dans une circonscription très peuplée de l’Arizona, il a publié sur sa plateforme Truth Social: «Il y a beaucoup de choses qui clochent.»
Les autorités locales ont reconnu le problème, mais assuré que les électeurs avaient d’autres options pour voter dans ce scrutin qui porte sur l’intégralité de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat, de nombreux postes d’élus locaux et moult référendums.
Malgré leurs assurances, ces accrocs très localisés ont aggravé les inquiétudes.
Pendant la campagne, «il y a eu beaucoup de crispation et de désinformation», regrettait Robin Ghirdar, un médecin de 61 ans venu voter démocrate en Pennsylvanie, en déplorant que «la recherche de la vérité et du compromis ait disparu dans la bataille.»
De fait, chaque camp a dramatisé les enjeux du scrutin: les démocrates se sont posés en défenseurs de la démocratie et du droit à l’avortement face à des républicains jugés «extrémistes»; les conservateurs se sont portés garants de l’ordre face à une gauche dite «laxiste et radicale» en matière de sécurité et d’immigration.
- Écoutez l’entrevue avec Frédérick Gagnon, titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 20 via QUB radio :
«Bon père de famille»
L’inflation — plus de 8,2 % sur un an — a toutefois écrasé tous les autres sujets.
Jusqu’au bout, Joe Biden a cherché à défendre son bilan économique, en se présentant comme «le président de la classe moyenne», qui a annulé la dette étudiante et investi dans les infrastructures. Mais ses efforts ne semblent pas avoir porté leurs fruits.
Selon les enquêtes d’opinion, l’opposition républicaine devrait s’emparer d’au moins 10 à 25 sièges à la chambre basse — largement assez pour y être majoritaire. Les sondeurs sont plus mitigés quant au sort du Sénat, avec néanmoins un avantage pour les républicains.
Privé de sa majorité, le président aurait surtout un pouvoir de veto, et les républicains ont fait savoir qu’ils ne le ménageraient pas. Ils prévoient notamment de lancer des enquêtes à la Chambre sur les affaires de son fils Hunter et certains de ses ministres.
Duels haletants
Concrètement, les élections de mi-mandat se jouent dans une poignée d’États clés — les mêmes qui étaient déjà au cœur de l’élection présidentielle de 2020.
Tous les projecteurs sont notamment braqués sur la Pennsylvanie, ancien bastion de la sidérurgie, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, adoubé par Donald Trump, affronte le colosse démocrate John Fetterman pour le poste le plus disputé du Sénat.
Car de ce siège dépend très possiblement l’équilibre des pouvoirs de cette chambre haute, aux pouvoirs immenses.
La Géorgie, l’Arizona, l’Ohio, le Nevada, le Wisconsin et la Caroline du Nord sont également le théâtre de luttes intenses, où les démocrates sont partout opposés aux candidats soutenus par Donald Trump, qui jurent une fidélité absolue à l’ancien président.
Au total, près de 17 milliards de dollars auront été dépensés pour ces élections de mi-mandat, selon le site Opensecrets, un record.