Mardi 8 novembre, un tribunal sud-africain a condamné un homme pour plus de 90 viols, dont certains concernaient des enfants, dans une affaire qui a profondément choqué le pays. Le tribunal de Palm Ridge, près de Johannesburg, a condamné Nkosinathi Phakathi, 38 ans, qui a ciblé des écolières et forcé des enfants à le regarder commettre des viols pendant neuf ans, entre 2012 et 2021.
« Il s’en prenait à ses victimes alors qu’elles allaient ou revenaient de l’école ou du travail, le matin ou le soir […] Il s’en prenait à certaines d’entre elles à leur propre domicile, a détaillé Lumka Mahanjana, porte-parole du parquet, dans un communiqué. Il prétendait être un électricien venu réparer un chauffe-eau ou d’autres appareils ménagers et les violait […] Dans certains cas, lorsqu’il violait plusieurs personnes à la fois, il obligeait l’autre personne à regarder. »
La majorité de ses victimes étaient des enfants scolarisés, la plus jeune avait 9 ans et la plus âgée 44 ans, selon le parquet. Nkosinathi Phakathi a commis ses crimes dans ou autour d’Ekurhuleni, à l’est de Johannesburg, entre 2012 et 2021. Il a été arrêté en mars 2021 après avoir tenté de retourner au domicile d’une de ses victimes, a précisé le parquet. La police lui a tiré une balle dans une jambe, qui a depuis été amputée.
Mardi, vêtu d’un sweat à capuche gris, le condamné, qui avait plaidé coupable la semaine dernière de 148 chefs d’accusation, s’est assis en regardant le sol, la tête affaissée entre ses avant-bras qui reposaient sur une paire de béquilles, alors que le juge passait en revue la longue liste de ses crimes. Il a ensuite été reconnu coupable de 90 viols, d’avoir forcé sous la contrainte quatre autres personnes à violer, d’avoir contraint à trois reprises un enfant à assister à un acte sexuel, de 43 enlèvements, de deux agressions et de quatre vols.
« Ces horreurs défient l’entendement »
Sa peine doit lui être signifiée début décembre. « L’Etat a l’intention de demander au tribunal d’imposer une peine qui enverra un message fort, à savoir que de telles infractions de violences sexuelles ne seront pas tolérées », a déclaré Mme Mahanjana.
Ce verdict intervient une semaine après une déclaration du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, affirmant que les violences sexuelles doivent être considérées comme la principale « pandémie » affectant le pays, alors qu’il ne se passe pas un jour sans que de nouveaux rapports de crimes « horribles » soient signalés.
Les données de la police montrent que les viols et les infractions sexuelles ont augmenté de 13 % entre 2017-2018 et 2021-2022, tandis que les meurtres de femmes ont augmenté de 52 % au cours des trois premiers mois de cette année par rapport à la même période l’an dernier. Le président a regretté qu’en dépit des efforts des pouvoirs publics, la violence contre les femmes et les enfants atteigne un tel niveau. « Ces horreurs défient l’entendement […] Elles racontent une histoire profondément dérangeante sur notre société », a ajouté M. Ramaphosa.
Certains défenseurs des droits des femmes accusent le gouvernement de ne pas en faire assez pour lutter contre ces violences. L’Afrique du Sud a été secouée récemment par une série de crimes terrifiants, dont le viol collectif de huit femmes, en juillet, et la découverte d’une demi-douzaine de corps de femmes dans un immeuble du centre de Johannesburg le mois dernier.
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