in

Caroline Garcia remporte le Masters WTA, un sacre au goût de revanche

Caroline Garcia remporte le Masters WTA, un sacre au goût de revanche


Caroline Garcia, lors de la finale du Masters WTA, à Fort Worth (Texas), le 7 novembre 2022.

A Fort Worth (Texas), berceau des rodéos bien connu des nostalgiques de westerns, Caroline Garcia a fait régner sa loi. Dans la nuit de lundi 7 novembre à mardi 8 novembre, la Lyonnaise (6e mondiale) a décroché le titre le plus important de sa carrière en s’imposant au Masters WTA, ultime tournoi de la saison qui réunit les huit meilleures joueuses du monde.

En finale, elle a dominé la Biélorusse Aryna Sabalenka (7e mondiale) en deux manches (7-6 [7-4], 6-4), et 1 h 41 de jeu. Caroline Garcia devient, à 29 ans, la deuxième Française à être couronnée dans cette épreuve, dix-sept ans après la victoire d’Amélie Mauresmo aux dépens de… sa compatriote Mary Pierce, à Los Angeles.

« Je remercie mon équipe, et tous les gens avec qui j’ai fait le chemin jusqu’à ce trophée, depuis l’âge de 12 ans », a déclaré la Française après la rencontre, juste après avoir soulevé la coupe.

Lire aussi : Masters de tennis : Aryna Sabalenka, une adversaire aussi flamboyante qu’inconstante pour Caroline Garcia

Ce titre, le 11e de sa carrière en simple, vient parachever une saison sous forme de renaissance pour Garcia après plus de quatre ans de vagues à l’âme. Entre tennis en perdition, crise de confiance et problèmes physiques récurrents (au pied, au dos…), la droitière avait dégringolé à la 74e place mondiale fin 2021. Lundi, elle pointera au 4e rang, égalant son meilleur classement, atteint en 2017.

Cette année-là, la Française s’était invitée pour la première fois au banquet final après une tournée royale en Chine qui l’avait vu rafler coup sur coup deux titres lors des tournois WTA 1000 (la catégorie juste en dessous des Grands Chelems) de Wuhan et Pékin. Mais, lors des Masters à Singapour, elle avait échoué en demi-finale, battue alors par l’Américaine Venus Williams. La WTA (l’instance qui gère le circuit féminin) ayant décidé de tourner le dos à la Chine sur fond d’affaire Peng Shuai, mais aussi des restrictions sanitaires dans le pays, l’épreuve a été délocalisée depuis l’an passé.

Une tornade française à l’US Open

Comme en 2017, Garcia a décroché son billet à la dernière minute pour le rendez-vous texan. La récompense d’un été flamboyant, amorcé par un titre en double à Roland-Garros avec sa compatriote Kristina Mladenovic. Entre mi-juin et mi-septembre, la Lyonnaise a compilé en simple 31 succès en 36 matchs, avec trois trophées soulevés sur trois surfaces différentes, à Bad Homburg (Allemagne) sur gazon, Varsovie sur terre battue – en battant au passage la numéro un mondiale polonaise Iga Swiatek chez elle –, et à Cincinnati (Ohio) sur dur. Une tournée américaine conclue par une première demi-finale en Grand Chelem, à l’US Open, début septembre.

Lire aussi : La renaissance de Caroline Garcia avant l’US Open

Pendant dix jours, la droitière au jeu explosif avait impressionné tout le parterre tennistique à Flushing Meadows, sur un nuage physiquement et mentalement. Avant de voir la pression la rattraper à une marche de la finale, balayée par la Tunisienne Ons Jabeur. Mais l’attitude était prometteuse, à en croire l’ancienne numéro 1 mondiale Justine Hénin. « Aujourd’hui, c’est une joueuse qui est à sa place, extrêmement concentrée, disait alors la Belge au Monde. Cela se voit, elle est confiante d’être là, alors que, ces dernières années, on la sentait perdue sur le terrain. Ce retour au sommet, ça part surtout d’un épanouissement et de cette confiance – retrouvée ou bien enfin acquise. »

Lire aussi : US Open : pour Justine Hénin, « Caroline Garcia est aujourd’hui à sa place »

Aujourd’hui, Caroline Garcia semble enfin donner la pleine mesure de ses qualités athlétiques détectées depuis longtemps par les yeux les plus aiguisés du circuit. En 2011, dans la foulée d’un deuxième tour de Roland-Garros perdu face à l’ancienne patronne russe Maria Sharapova, Andy Murray et l’ancienne joueuse Martina Navratilova promettaient à l’adolescente de 17 ans le costume de numéro 1 mondiale. Des attentes trop lourdes à supporter : entre 2018 et 2021, elle ne décrochera que deux titres.

« C’était difficile parce que les gens attendaient beaucoup de moi. J’étais autour de la 150e, 200e place mondiale, j’avais 17 ans et mon jeu n’était pas prêt. Je n’étais pas capable de jouer avec régularité à ce genre de niveau », expliquait-elle lors du dernier US Open.

Un retour au plus haut niveau à mettre en grande partie au crédit de Bertrand Perret, ancien entraîneur, entre autres, de la Chinoise Peng Shuai et d’Ons Jabeur, appelé à la rescousse en décembre 2021. Le signe d’une volonté d’émancipation tardive. Le tennis, jusqu’ici, se résumait à une affaire de famille : Garcia avait passé l’intégralité de sa carrière sous les ordres de son père, Louis-Paul. Une relation souvent commentée, voire critiquée. Eloigné du court à la demande de sa fille en mai 2021, le paternel avait, quelques mois plus tard, réintégré le clan, à distance, dans un rôle de manageur.

Départ surprise de son entraîneur à la veille du tournoi

Mais les débuts idylliques de ce nouvel arrangement ont semble-t-il laissé place aux malentendus. Garcia est arrivée au Texas en plein rodéo d’incertitudes : à trois jours du début du Masters, Bertrand Perret a officialisé la fin de leur collaboration pour des raisons extra-sportives. « Ces dernières semaines, il y avait des problèmes. Ils ont fini par gâcher l’ambiance et j’ai préféré arrêter », a-t-il confié laconiquement le 28 octobre à L’Equipe.

Lire aussi : De retour au sommet, la joueuse de tennis Caroline Garcia perd son entraîneur

A son retour de New York, sa protégée avait connu une phase de décompensation : six semaines difficiles et une seule victoire en trois tournois. Autant dire que Garcia n’abordait pas le dernier rendez-vous de l’année dans les meilleures conditions. « La préparation n’a pas été idéale », concédait-elle avant le début de la compétition.

A Fort Worth, où elle était accompagnée de son père et du coach argentin Juan Pablo Guzman, qui avait déjà travaillé avec elle l’an passé, elle a su chasser les mauvaises pensées. Après une entrée en matière solide face à l’Américaine Coco Gauff pour son premier match de poules, la Française avait ensuite été sèchement battue par Iga Swiatek. Mais à la surprise générale, la Polonaise a été éliminée en demi-finale par Sabalenka. Au même stade, Garcia a rendu une copie presque parfaite face à la Grecque Maria Sakkari (5e mondiale), sans montrer de signes de fatigue malgré une bataille de près de 2 h 30, la veille, pour sortir la Russe Daria Kasatkina.

Lire aussi : Tennis : Caroline Garcia confirme sa très belle saison en se qualifiant pour les demi-finales du Masters WTA

Au Texas, comme à New York lors de l’US Open, la jeune femme a montré une volonté permanente de faire mal à son adversaire dès les premiers coups de raquette. Ce jeu agressif, résolument porté vers l’avant, « ça a toujours été ma mentalité, disait-elle au Parisien à la veille de son entrée en lice aux Masters. On a pu voir que ça faisait beaucoup de dégâts sur les joueuses en face. C’est un jeu qui m’a amené beaucoup de succès ».

Une prise de risque maximale, qui génère quelques déchets, mais surtout un paquet de coups gagnants quand la confiance est au rendez-vous. Ajoutez à cela un service impitoyable : 394 aces alignés cette année (dont onze dans la finale du jour), une statistique qui lui vaut d’être la plus fine gâchette du circuit féminin cette saison.

Caroline Garcia repart du Texas auréolée d’un nouveau statut : appelez-la la nouvelle shérif de ces dames.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Qui est Carlos Martens Bilongo ?

Qui est Carlos Martens Bilongo ?

« Le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait-il vraiment le choix de ne pas aller à Pékin ? »

« Le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait-il vraiment le choix de ne pas aller à Pékin ? »