C’est un véritable rétropédalage. Après avoir donné beaucoup plus de liberté en 2015 aux agents de joueurs, la FIFA compte reprendre le contrôle de la profession en instaurant un nouveau règlement. Une refonte qui prévoit pour les agents le rétablissement d’une licence obligatoire, le plafonnement des commissions perçues, ainsi que le contrôle des différents flux d’argents.
« Nous allons encadrer le système d’agents »
Cette réforme du système est en préparation depuis maintenant plus de quatre ans. En 2017 déjà le président de la FIFA, Gianni Infantino, prévenait leur volonté « d’encadrer le système d’agents », qui est totalement à la dérive. Sont notamment pointés du doigt : les superprofits, avec plus de 500 millions d’euros générés rien que cette saison, et les pratiques illégales du métier. L’objectif de la FIFA est de reprendre la main sur le business des transferts de joueurs qui prend souvent plus de place que l’aspect sportif.
Le règlement présenté ce vendredi au sommet de la FIFA en Nouvelle-Zélande prévoit notamment de rendre de nouveau obligatoire la licence FIFA pour les agents, de créer une chambre de compensation, où tous les flux d’argent devront circuler, de plafonner les commissions versées aux agents – à 10% de l’indemnité de transfert quand ils représentent le club vendeur, et à 3% du salaire du joueur lorsqu’ils représentent le joueur ou le club acquéreur-, et de mettre fin à la multiple représentation qui permettait aux agents de représenter les trois parties lors d’un transfert (joueur, clubs vendeurs et acquéreur).
Des règles qui devront être appliquées dès le mois de juin 2023.
« La FIFA souhaite amener plus de transparence »
Jean-François Brocard, économiste du sport au Centre de droit et d’économie du sport et spécialiste des agents de joueur, explique à Europe 1 que « la FIFA souhaite amener plus de transparence ». Mais pour que cela soit efficace, tout le monde devra jouer le jeu et surtout les clubs et les joueurs. Ils devront non seulement faire appel à des agents licenciés et surtout refuser de discuter avec des intermédiaires non qualifiés qui pullulent dans ce métier. Selon Jean-François Brocard, c’est aussi « l’objectif de la FIFA, d’évacuer les acteurs non qualifiés, qui ont des comportements néfastes sur le marché ».
Les dérives restent cependant possibles
À l’image du modèle français, qui est lui déjà bien règlementé, les dérives restent possibles. « Aujourd’hui, il y a deux cas de figures, il y a des agents dans la légalité qui sont contrôlés. Puis il y a ceux qui ne respectent rien et qui ne sont jamais embêtés », explique à Europe 1 Jennifer Mendelewitsch, agent de joueur licenciée à la Fédération Française de Football.
Elle craint que cette nouvelle réglementation ait « un effet contre-productif, contraignant encore plus les agents respectant les règles ». Alors que les intermédiaires non licenciés « pourraient avoir encore plus de liberté ». Ce règlement semble donc présenté des failles, surtout si la FIFA ne traque pas les agents non qualifiés. Et c’est surement sur ce point que se joue le véritable chantier.