Déjà sous le coup de six poursuites civiles intentées par des femmes qui l’accusent de les avoir agressées sexuellement dans le passé, Gilbert Rozon est à nouveau poursuivi par trois autres femmes, dont sa propre belle-sœur de l’époque, qui lui réclament cette fois un total de 4,5 millions $.
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«Depuis presque 30 ans, elle subit les séquelles de ces agressions qui ont profondément altéré le cours de sa vie», peut-on lire dans l’action civile intentée par Martine Roy.
La femme, qui était la sœur de la conjointe du magnat de l’humour déchu, affirme avoir été «brutalement violée» dans une loge par Rozon, alors qu’elle travaillait comme directrice adjointe au Musée Juste pour rire. Deux ans plus tôt, elle affirme avoir été embrassée de force par le fondateur de Juste pour rire.
Pas la seule
Marylena Sicari, de son côté, affirme avoir été agressée et harcelée sexuellement «à d’innombrables reprises» par Rozon entre 1988 et 2004, alors qu’elle travaillait sous ses ordres. Disant avoir déjà été humiliée sexuellement par son patron devant environ 150 personnes, elle avait finalement quitté son emploi à la suite d’un épuisement professionnel.
«Ça a mis un terme à la prédation du défendeur à son égard», est-il indiqué dans la poursuite civile, intentée comme les deux autres par le cabinet Trudel Johnston & Lespérance.
Guylaine Courcelles était pour sa part une employée du Festival Juste pour rire. En 1987, alors qu’elle avait 22 ans, elle affirme avoir été agressée sexuellement par son grand patron, qui voulait «la rencontrer pour mieux la connaître».
«Elle est en état de choc et elle ressent un dégoût profond», relate le document de cour, après la description de l’agression sexuelle alléguée. Dans les jours et les semaines qui ont suivi, elle ressent beaucoup de colère et un profond malaise. Elle évite de lui parler, mais celui-ci s’adresse à elle comme si rien ne s’était passé.
Rozon était «surpris»
Mme Courcelles indique que par la suite, lorsque Rozon lui a demandé pourquoi elle semblait le fuir, elle lui aurait répondu: «Tu me niaises!»
«Il semble surpris», est-il indiqué.
La femme lui aurait expliqué la situation, ce qui aurait fait verser une larme à Rozon.
«Il affirme qu’il ne se rappelle pas avoir fait ça, est-il indiqué dans la poursuite civile. Il ne nie pas que ce soit arrivé et, avec un visage repentant, lui dit quelque chose comme: “Alors je comprends mieux ton attitude des derniers temps envers moi.”»
Ces trois nouvelles poursuites au civil s’ajoutent donc à six autres, intentées dans les deux dernières années contre l’ancien magnat de l’humour. C’est qu’à l’origine, Rozon était visé par une action collective intentée par le collectif de femmes Les Courageuses, qui lui réclamait plus de 10 millions $ pour les crimes sexuels qu’il aurait commis au cours de sa carrière. Sauf que la Cour d’appel avait rejeté le recours, affirmant que chaque femme devait plutôt le poursuivre individuellement.
Il nie
Depuis cette décision, Rozon fait face ponctuellement à de nouvelles procédures judiciaires en chambre civile. Additionnées, elles totalisent à ce jour 13,35 millions $.
Rozon, de son côté, a toujours nié une quelconque inconduite sexuelle. Il avait été accusé de viol, en cour criminelle, mais avait été acquitté en raison du doute raisonnable.
Au civil, il avait contre-attaqué la poursuite civile de la comédienne Patricia Tulasne en lui réclamant de son côté 150 000$.
Parallèlement, il poursuit au civil pour 450 000$ les animatrices Julie Snyder et Pénélope McQuade, qui avaient soutenu publiquement être ses victimes lors d’une émission de La semaine des 4 Julie. Les deux femmes ont contre-attaqué, la première en l’accusant de vouloir l’humilier publiquement et de la bâillonner, l’autre en lui reprochant d’être responsable de son propre malheur.