François Legault a sous-estimé le nombre d’«intellectuels» au Québec. N’en déplaise au premier ministre, une majorité de citoyens est en faveur d’une réforme du mode de scrutin.
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Pas moins de 53 % des Québécois souhaitent que le système électoral actuel soit revu, révèle un sondage Léger-Le Journal, réalisé quelques jours après le scrutin.
Le résultat de l’élection du 3 octobre dernier a permis de mettre en lumière une importante distorsion entre le vote populaire et le nombre de sièges remportés par les partis politiques.
Appuyée par 41 % des électeurs, la CAQ a fait élire pas moins de 90 députés sur 125, soit 72 % des sièges. À l’inverse, avec 14,6 % des voix, le Parti Québécois n’aura que trois représentants à l’Assemblée nationale.
Bénéficiant d’un appui populaire semblable (14,4 %), les libéraux ont pourtant obtenu 21 sièges. Et les conservateurs n’ont aucun élu, même avec 13 % des votants.
Un scrutin proportionnel mixte aurait passablement changé l’arc-en-ciel de couleurs et la distribution des banquettes au Parlement, alors que les partis d’opposition auraient été mieux représentés.
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La porte fermée à double tour
Jadis en faveur d’une réforme du mode de scrutin, François Legault a depuis fermé la porte à double tour à tout changement du système électoral, prétextant que ce n’est pas une priorité des Québécois.
Plus encore, il a affirmé en campagne électorale qu’une réforme du mode de scrutin «n’intéresse pas la population, à part quelques intellectuels».
Mais le premier ministre a tout faux sur cet enjeu, selon le sondeur Jean-Marc Léger.
«Le constat du sondage, c’est qu’il y a beaucoup d’intellectuels au Québec», raille-t-il.
«La majorité des Québécois souhaitent une réforme du mode de scrutin, analyse-t-il. Les gens estiment que François Legault fait fausse route.»
Des caquistes aussi en faveur
Sans surprise, l’appétit pour un tel changement est plus fort chez les électeurs plus jeunes qu’au sein des tranches d’âges plus élevées.
De la même façon, les sympathisants des partis d’opposition sont très majoritairement pour la transformation du mode de scrutin.
C’est le cas de près de quatre conservateurs sur cinq. Les solidaires et les péquistes sont presque aussi nombreux à réclamer une réforme.
Mais attention, cette idée plaît aussi à une portion des partisans de François Legault. Pas moins de 30 % des électeurs caquistes y sont favorables, même si 52 % sont opposés à ce changement.
- Écoutez l’entrevue avec Christian Bourque à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 45 via QUB radio :
Vision partisane
Selon le sondeur, la position du premier ministre relève d’un calcul politique.
«C’est une vision très partisane de la chose, ce n’est pas une vision de premier ministre», souligne Jean-Marc Léger.
En 2018, le chef de la CAQ s’était pourtant engagé à réformer le mode de scrutin afin de réduire la distorsion s’il prenait le pouvoir.
Une fois aux affaires, le gouvernement Legault a déposé un projet de loi pour y arriver, qu’il a toutefois laissé tomber en 2021.
La ministre Sonia LeBel, responsable de la réforme démocratique, avait alors dit appuyer sa décision sur la pandémie, « qui a tout chamboulé ».
RÉFORME DU MODE DE SCRUTIN
Souhaitez-vous une réforme ou non du mode de scrutin actuel ?
53 % Oui, je souhaite une réforme
27 % Non, je ne souhaite pas de réforme
20 % Ne sait pas / Refus
CAQ 30 %
QS 75 %
PQ 73 %
PLQ 60 %
PCQ 79 %
CAQ 52 %
QS 17 %
PQ 13 %
PLQ 19 %
PCQ 12 %
CAQ 17 %
QS 8 %
PQ 13 %
PLQ 22 %
PCQ 9 %
MÉTHODOLOGIE
Le sondage Web a été réalisé auprès de 1040 Québécois âgés de 18 ans ou plus, du 7 au 10 octobre 2022. Il n’est pas possible de calculer une marge d’erreur sur un échantillon tiré d’un panel, mais à titre comparatif, la marge d’erreur maximale pour un échantillon de 1040 répondants est de plus ou moins 3 %, et ce, 19 fois sur 20. Les résultats ont été pondérés en fonction du genre, de l’âge, de la langue maternelle, de la région, du niveau de scolarité et de la présence d’enfants dans le ménage afin d’assurer un échantillon représentatif de la population québécoise.
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