Près d’une centaine d’agents de RTE, cette filiale d’EDF qui gère le réseau de transport d’électricité en France, se sont rassemblés, jeudi 6 octobre, devant le siège de l’opérateur, à La Défense près de Paris, pour protester contre le placement en garde à vue de quatre de leurs collègues dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). « Les services antiterroristes sont utilisés pour faire taire les revendications salariales des agents », a dénoncé un communiqué de la Fédération mines énergie de la CGT.
Agés de 31 à 35 ans, ces agents, en poste au groupe maintenance réseau (GMR) de Flandres Hainaut, à Valenciennes (Nord), ont été interpellés à leur domicile mardi 4 octobre. « Menottés, et qualifiés devant leurs familles de cybercriminels en bande organisée », affirme la CGT. Ils sont, depuis, entendus dans les locaux de la DGSI à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
De source judiciaire, il leur est reproché des faits « d’entrave à un système de traitement automatisé de données », de « sabotage informatique », d’« introduction », « modification » et « suppression frauduleuse de données contenues dans un système de traitement automatisé de données ». Le tout en bande organisée. Leur garde à vue peut être prolongée jusqu’à 96 heures, soit quatre jours. Donc jusqu’à samedi 8 octobre au matin.
« On fait croire à des cybercriminels ! C’est un délire complet ! », s’indigne Francis Casanova, délégué syndical central CGT, ahuri, comme tous ces collègues de la tournure des événements.
Plainte de RTE
L’enquête a été ouverte le 29 juillet à la suite d’une plainte de RTE. L’opérateur n’a pas souhaité s’exprimer publiquement mais l’a fait dans un communiqué interne dont Le Monde a obtenu une copie. La direction de RTE y évoque des « agissements graves » menés « à trois reprises et de manière concomitante sur l’outil industriel » entre juin et juillet. Des actions qui auraient conduit à la perte de « deux fonctions essentielles pour l’exploitation du réseau : l’observabilité, c’est-à-dire la capacité à voir à distance (…) ce qu’il se passe sur le réseau ; la manœuvrabilité, c’est-à-dire la capacité à agir sur ces équipements » pour des actions prévues ou en réaction à des aléas. En somme, des risques potentiels.
« On leur reproche le passage en local des postes, d’avoir coupé la télé conduite. Comme si on vous confisquait la télécommande de la télé, ça ne l’empêche pas de marcher, mais si vous voulez changer de chaîne vous devez vous déplacer », décrypte Jean-Louis Maury, de la CGT RTE, qui replace ces faits dans le contexte de l’important mouvement social qu’a connu l’opérateur au premier semestre, pour des revalorisations de salaire.
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