« Suzuki a un contrat de 8 ans, y me semble que c’est assez pour apprendre quelques mots en français ne serait-ce que pour faire plaisir aux partisans. »
Guy Carbonneau est clair. Être capitaine d’une équipe de hockey c’est d’abord et avant tout pour l’unité du club favorisant un lien harmonieux entre les équipiers, jeunes et plus vieux, le coach ou membre de la direction.
À Montréal, le fait français est là, et pour Carbo, c’est indéniable, mais avant tout, c’est l’équipe. Bob Gainey a été un exemple parfait pour lui.
« Bravo à Bob qui a appris le français, mais il faut être honnête. Dans le vestiaire tout se passe en anglais. »
Yvan Cournoyer, lui, a été servi par deux types de superbes meneurs. Jean Béliveau, le plus grand, avait prévenu ses coéquipiers qu’il était autant capitaine durant l’hiver, pendant la saison, en séries que lorsque l’été était arrivé. Problèmes familiaux, personnels ou autres, tous les joueurs savaient que le grand Jean avait une oreille attentive et qu’il était un véritable grand frère. Yvan parle même d’un père dans son cas.
« Mon autre capitaine marquant ne pensait qu’à une chose : la victoire. Henri Richard en faisait une maladie. Il était incapable d’avaler la défaite et ses interventions se multipliaient dès que l’équipe commençait à éprouver des difficultés. Pas de patience. »
Il n’a pas gagné 11 coupes Stanley pour rien.
« Je me demande encore s’il n’intervenait pas plus vite que le coach. Il ne se gênait pas, il se fâchait et c’était impossible, pratique ou match, de se poigner le beigne si Henri était dans les parages. »
Yvan a beaucoup appris de ces deux hommes très différents et lorsqu’il s’est retrouvé lui-même avec un « C » sur son chandail, il a essayé d’amalgamer son propre caractère et ce qu’il avait retenu de Jean et Henri.
« J’aimais être un confident, un grand frère comme Jean. Aider les jeunes, les blessés et ceux qui avaient peine à s’affirmer. Je n’hésitais pas, non plus, à inviter les joueurs à un meeting privé lorsque nous étions sur la route. Pas de coach, j’aimais quand on se parlait dans le blanc des yeux. »
Yvan ajoute qu’il est aussi important que le capitaine traite tous ses coéquipiers au même niveau et que les joueurs finissent par se souder, par former un véritable bloc de ciment.
D’EDMONTON ET LACHUTE
Vincent Damphousse a d’abord appris le rôle de capitaine d’un gars de Lachute qui avait gagné à Edmonton.
Vincent jouait pour les Oilers, mais après les plus glorieuses années avec les Gretzky, Kurri, Messier et aussi un certain Kevin Lowe qui a vu tous les autres partir.
Lui, il est resté dans le nord de l’Alberta comme un bon soldat avec un « C » sur la poitrine. Un vrai bon capitaine dira Vincent.
« Kevin m’a beaucoup appris par son courage et la confiance qu’il installait dans le vestiaire, même si on était en reconstruction. Il avait du vécu et aussi une belle sensibilité. Dans les circonstances, c’était important. »
Kevin Lowe deviendra directeur général plus tard, ce qui n’a pas surpris Vincent Damphousse qui a retenu le grand sens des responsabilités que doit posséder un capitaine, et ce, à tous les niveaux.
Avec les coéquipiers, c’est primordial, mais aussi avec les membres de la direction, les journalistes et les partisans.
Chez le Canadien, Vincent n’a pas été choisi par ses coéquipiers comme capitaine. Un soir à Detroit, de la bouche du coach, Mario Tremblay, il a appris en même temps que toute l’équipe qu’il succédait à Pierre Turgeon.
« J’ai tout de suite pensé à Kevin Lowe et ce leadership que j’avais apprécié. Dès le départ, je me suis appliqué à prêcher par l’exemple, et, aussi, je n’hésitais pas à consulter chez les anciens. »
Un qui avait bien conseillé Vincent alors que les choses ne tournaient pas rond pour l’équipe est Guy Lafleur qui avait incité le nouveau capitaine à ne pas hésiter à réunir les joueurs tout en étant sincère.
« Reste toi-même », avait dit Flower qui, selon Serge Savard, aurait pu lui-même devenir capitaine si la direction de l’équipe avait laissé les joueurs choisir au lieu de désigner Bob Gainey.
En passant, Damphousse est content de voir Suzuki devenir capitaine.
« C’était mon choix… »
ET SERGE
Serge Savard, s’il est un grand leader dans l’âme, comme son prédécesseur Cournoyer, a été choisi par les joueurs et il en est très fier.
« J’ai toujours été inspiré par le grand Jean Béliveau qui imposait le respect, la distinction et une grande loyauté. »
Pour Serge, il était important que l’équipe devienne la réunion de 20 leaders dévoués presque aveuglément à l’équipe. Gagner d’abord et le reste ensuite.
Serge Savard ne connaît pas Nick Suzuki et ne fait pas de cas avec son unilinguisme anglais.
« Moi, je laisse toujours la chance au coureur. Il est jeune et s’il est intelligent, il va comprendre pour qui il joue… et l’équipe et son public. On verra en cours de route. »
Pour Serge, le capitaine doit dicter le respect envers l’organisation, et principalement le coach. Il raconte une anecdote amusante.
« Tous les jours, je voyageais vers le Forum avec Claude Ruel. Nous étions des amis. Un jour, il a été nommé instructeur de l’équipe. Notre relation a changé. Il était le boss, moi l’employé. Dans le même sens, je n’ai jamais manqué une seconde de respect envers Scotty Bowman. »
Le respect de l’autorité, une religion et ça, ça vient de Laurent… son père.
S’il veut en parler, Nick Suziki a des ressources partout autour de lui. Même Bob Gainey est souvent au Salon des Anciens.
De l’enclave
- Avouez que vous avez été surpris de voir apparaître la publicité de RBC sur le chandail du Canadien. Vous avez vu le Milk des produits laitiers sur celui des Maple Leafs. Les assurances Canada Life sur le chandail des Jets seront un naturel. Au Minnesota, le Wild affichera le logo de Tria, spécialisée dans la médecine sportive à travers le monde. Évidemment, vous vous doutez bien que les sites pour paris sportifs ou casinos allaient se tailler une place. Gali River chez les Coyotes en Arizona et Caesars Sportbooks chez les Capitals à Washington. On croit que la moitié des équipes de la NHL auront leur nouveau commanditaire dès cette saison. À Edmonton, on ne se dit pas encore prêt à faire le saut.
- Roger Federer n’a jamais rien fait à moitié. Il a quatre enfants : Myla-Rose et Charlene-Riva, deux jumelles âgées de 8 ans. Aussi, Leo et Lenny, deux jumeaux qui ont 4 ans.
Très fort en double, Roger.
- Qui fut le premier joueur russe à jouer pour le Canadien ? Oleg Petrov qui a même participé à un seul match des séries en 1993, année de la dernière Coupe. Il réside toujours à Montréal.
- Au réputé Beaubien Déli de Montréal Alain Bonnamie lancera sa biographie le 25 octobre prochain.
- L’ex-président du Canadien Ronald Corey a subi une opération d’un jour sur le dessus de la tête et il s’est tout simplement enchanté des soins prodigués au CHUM.
- Vous souvenez-vous de la grande marche bleue à Québec pour le retour des Nordiques ? Ça fait 12 ans, aujourd’hui.
- Il y a 50 ans aujourd’hui que Bill Stoneman lançait un match sans point ni coup sûr avec les Expos contre les Mets de New York. C’était son deuxième, ayant réussi le premier contre les Phillies à Philadelphie.
- Elle vous a longtemps présenté les matchs des Expos et aussi ceux du Canadien. Elle a même tenté de devenir une radio entièrement sportive. Bonne fête à la belle vieille CKAC qui a 100 ans, aujourd’hui. J’y ai travaillé avec fierté plus d’une dizaine d’années. Plein d’anciens se rencontreront le 16 octobre prochain et j’y serai en tabarnouche…