La volte-face est spectaculaire. Considérée pendant vingt ans par les investisseurs occidentaux comme une aubaine sans pareille, la Chine est perçue, depuis quelques années, comme un risque. Au point qu’en 2022, la situation s’est retournée et que c’est désormais ce risque qui prédomine aux yeux de nombreux entrepreneurs. Tel est le principal enseignement du dernier « document de position » annuel publié par la Chambre de commerce européenne en Chine, mercredi 21 septembre.
La raison tient dans une formule qui figure en tête du rapport : « L’idéologie l’emporte sur l’économie. » Le maintien de la politique zéro Covid et de la fermeture des frontières, l’accent mis par Pékin sur l’autosuffisance, le soutien apporté à la Russie face à l’Ukraine − qui rend encore plus probable une agression contre Taïwan, aux conséquences géostratégiques mais aussi économiques imprévisibles −, une opinion publique et donc des consommateurs de plus en plus nationalistes… Tout cela rend les investisseurs européens inquiets, voire méfiants. La Chine est un pays « moins prévisible, moins fiable et moins efficace », résume le rapport.
Si la grande majorité des entreprises européennes présentes là-bas n’envisagent pas de quitter ce pays, qui demeure un marché et une base industrielle incomparables, rares sont celles qui comptent augmenter leurs investissements. Bien au contraire. Réduire sa dépendance face au risque chinois est devenu une priorité des firmes européennes. Malgré des coûts supplémentaires et une désorganisation momentanée des chaînes de production, les industriels du Vieux Continent envisagent, par sécurité, de multiplier les investissements dans les pays tiers plutôt que de miser exclusivement sur le marché chinois.
D’ailleurs, les investissements européens dans l’empire du Milieu sont de plus en plus concentrés, révèle une étude publiée par le Rhodium Group, un organisme de recherche, mi-septembre. En 2013, les dix principaux investisseurs européens représentaient 40 % des investissements du continent en Chine. En 2019, ce pourcentage a atteint 88 %. Il serait retombé à 70 % en 2021.
Difficulté d’attirer des talents
Quatre pays tirent leur épingle du jeu. D’abord et surtout l’Allemagne (près de 50 % des investissements européens), suivie de loin par le Royaume-Uni, les Pays-Bas, puis la France. La concentration est également sectorielle, avec cinq secteurs principaux : l’automobile, loin devant l’alimentation, la pharmacie, les produits chimiques et les produits de consommation.
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