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Rendre hommage au Démon blond à coups de pinceau et de ruban

Rendre hommage au Démon blond à coups de pinceau et de ruban


L’artiste multidisciplinaire René Bégin puise dans l’imaginaire des grands symboles sportifs du passé pour inspirer ses toiles, qui allient la peinture et le ruban de hockey. Quelque cinq mois après le décès de Guy Lafleur, il considère encore le Démon blond comme une de ses muses de prédilection. 

Le natif de Montréal, aujourd’hui établi à Candiac, a dédié trois de ses œuvres à la fierté de Thurso. Il devait lui en remettre une en personne dans le cadre du 40e gala annuel de l’Association des MBA du Québec, le 11 mai dernier, mais cette première rencontre n’a pu avoir lieu en raison des circonstances que nous connaissons.

«Tout le monde que je connais a rencontré Guy Lafleur et s’est fait prendre en photo avec… sauf moi, lance-t-il, avec un rire amer, au bout du fil. [C’est] une des plus grandes déceptions de ma vie. C’est mon idole de jeunesse.

«Guy Lafleur, c’est le seul joueur, à part Maurice Richard, qui a autant soulevé un peuple.»

René Bégin privilégie les couleurs éclatantes, voire fluorescentes dans ses toiles. Son utilisation ingénieuse du ruban de hockey – il jure d’ailleurs avoir inventé cette technique – lui permet d’exploiter les textures comme catalyseur de mouvement.

On comprend ainsi pourquoi il se passionne autant à illustrer l’extravagance du numéro 10 avec son pinceau et son ruban.

«Guy Lafleur, c’était la flamboyance même. Guy Lafleur, c’était le panache. Et j’ai toujours aimé faire des joueurs d’antan par symbolisme sociohistorique. J’ai 1000 fois plus le goût de [peindre] Maurice Richard et Guy Lafleur que Steven Stamkos.»

Mémoire collective

En peignant les portraits d’athlètes marquants comme Ken Dryden, Peter Stastny ou encore Marie-Philip Poulin, René Bégin estime poursuivre le travail de mémoire collective qu’ont entamé de nombreux artistes qui l’ont précédé.

«Quand j’avais 12 ou 13 ans, j’allais au Forum et je voyais les grandes toiles d’anciennes vedettes comme Joe Malone, Howie Morenz ou Babe Siebert, raconte-t-il. Je les voyais sur peinture, et je me disais qu’il fallait que je lise sur ces gens-là. Ça permettait de garder le souvenir de ces gens-là.»

Bien que René Bégin appartienne à une tout autre époque, où la photographie est omniprésente, son art a une portée tout aussi poétique, puisqu’il modifie son processus créatif selon la personne qu’il portraiture.

L’artiste de 58 ans a notamment utilisé de la terre battue rouge dans une œuvre portant sur Rafael Nadal et des morceaux de ballons de basketball pour saluer la mémoire de Kobe Bryant.

En ce qui a trait à notre sport national d’hiver, pour le designer graphique de formation, il n’y a rien de plus personnel qu’un bâton pour un joueur de hockey.

«Tout leur équipement est pris en main par des préposés, sauf les bâtons. Ce sont les joueurs qui les coupent, qui les “tapent”. C’est comme leur instrument de travail. C’est comme leur pinceau.

«Quand je fais une toile, c’est une symbolique qui rend hommage aux athlètes qui sont artistes par eux-mêmes avec cet outil-là.»



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