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trois experts de l’ONU soupçonnent des « crimes contre l’humanité » au Tigré

trois experts de l’ONU soupçonnent des « crimes contre l’humanité » au Tigré


Dans un rapport destiné au Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), une commission de trois experts alerte, lundi 19 septembre, sur le conflit qui déchire l’Ethiopie depuis la fin de 2020. La commission « a des motifs raisonnables de penser que, dans plusieurs cas, les violations » des droits fondamentaux « correspondent à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».

« La commission est profondément troublée par ce qu’elle a découvert, parce que cela reflète une profonde polarisation et haine entre ethnies en Ethiopie », selon les conclusions du texte. « Cela a créé un cycle inquiétant de violence extrême à laquelle répondent des représailles, ce qui augmente encore le risque imminent de nouvelles atrocités, encore plus graves », s’inquiètent les experts.

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Le conflit a éclaté au début de novembre 2020, quand le gouvernement fédéral d’Abiy Ahmed a lancé une offensive contre les rebelles tigréens du Front populaire de libération du Tigré (FPLT) contrôlant cette région du nord de l’Ethiopie. Les autorités du Tigré « ont toujours assuré » que le gouvernement fédéral était responsable de crimes contre l’humanité, a déclaré un porte-parole du FPLT, interrogé par l’Agence France-presse lundi. Sollicité, le gouvernement fédéral n’a pas réagi. La reprise des combats dans le nord du pays, le 24 août, a fait voler en éclats cinq mois de trêve.

Les experts ont souligné la situation catastrophique au Tigré, où le gouvernement fédéral et ses alliés ont refusé à environ 6 millions de personnes l’accès aux services de base, pendant plus d’un an, et où de sévères restrictions à l’accès humanitaire ont laissé 90 % de la population avec un besoin urgent d’assistance.

« Impact dévastateur »

Le rapport précise qu’il existe « des motifs raisonnables de croire que le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux alliés [principalement l’Erythrée] ont commis et continuent de commettre des crimes contre l’humanité pour des motifs ethniques et d’autres actes inhumains ». Ils « causent intentionnellement de grandes souffrances », en restreignant l’aide humanitaire, selon le rapport. La présidente de la commission, Kaari Betty Murungi, a décrit la crise humanitaire au Tigré comme « choquante, tant dans ses dimensions que sa durée ».

« Le refus et l’obstruction généralisés de l’accès aux services de base, à la nourriture, aux soins de santé et à l’aide humanitaire ont un impact dévastateur sur la population civile, et nous avons des motifs raisonnables de croire que cela équivaut à un crime contre l’humanité », a-t-elle déclaré. « Nous avons également des motifs raisonnables de croire que le gouvernement fédéral utilise la famine comme méthode de guerre », a-t-elle ajouté.

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La commission – qui a aussi détaillé les nombreuses entraves qui ont limité son enquête sur place, entre l’interdiction de quitter la capitale, Addis-Abeba, et le manque de moyens – a été établie pour un an le 17 décembre 2021, pour mener une enquête approfondie et indépendante sur les accusations de violations répétées des droits humains.

Dans toute une série de recommandations, elle demande au gouvernement fédéral ainsi qu’aux autorités érythréennes et tigréennes de faire en sorte que les auteurs des exactions soient jugés. Elle exhorte les instances internationales et régionales à « prendre les mesures qui permettront de restaurer la paix, la stabilité et la sécurité et éviter de nouvelles violations » des droits humains. Ils demandent aussi au Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme de surveiller constamment la situation et de continuer à appeler les parties au conflit à respecter le droit humanitaire international, les droits humains et les droits des réfugiés.

Le Monde avec AFP

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