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une délégation de la FFF dépêchée en urgence pour inspecter le palace des Bleus

une délégation de la FFF dépêchée en urgence pour inspecter le palace des Bleus


Une vue extérieure de l’hôtel Al Messila, à Doha, le 2 avril 2022. L’établissement hérbergera les Bleus pendant le Mondial.

Un triumvirat pour tenter d’éteindre un incendie. La Fédération française de football (FFF) a annoncé dans un communiqué, vendredi 14 octobre dans la soirée, que Florence Hardouin, directrice générale, Philippe Diallo, vice-président, et Erwan le Prevost, directeur des relations institutionnelles et internationales, se rendront dès mardi au Qatar, où se déroulera la prochaine Coupe du monde, du 20 novembre au 18 décembre. Les trois responsables de la FFF auront pour mission de vérifier « que l’hôtel de l’équipe de France et ses sociétés prestataires respectent leurs engagements de respect des droits sociaux des employés qui interviendront sur le camp de base durant la compétition », explique la fédération.

L’établissement en question est le luxueux Al-Messila, un hôtel cinq étoiles avec spa situé à quelques kilomètres du centre de Doha, appartenant à la chaîne Marriott. Présenté ainsi, le pied à terre semble des plus accueillants. Mais les coulisses du palace et des sociétés sous-traitantes qui y opèrent, révélées crûment dans le magazine de France 2 « Complément d’enquête », jeudi 13 octobre, sont moins reluisantes. Les conditions de vie déplorables des employés d’un prestataire en charge de la sécurité de l’hôtel ont particulièrement choqué. Tout comme, dans le même reportage, la réaction inadéquate de Noël Le Graet, le président de la FFF : « C’est pas insoluble ça, c’est des coups de peinture. Il y a encore le temps de réparer ça. (…) Je peux vous montrer plein d’images comme ça dans plein de pays, même peut-être pas loin d’ici [de Paris]. »

Lire aussi : « Qatar 2022 : un scandale français ? », sur France 2 : révélations sur les coulisses du choix de l’émirat pour la Coupe du monde de football

Vendredi 14 octobre, au lendemain de la diffusion du magazine de France Télévisions, la ministre des sports s’est dite « choquée » par les propos du patron du football français. « J’ai trouvé qu[e cette réaction] était hors-sol (…), qu’elle manquait d’humanité et même de lucidité », a détaillé Amélie Oudéa-Castéra. Avant de réclamer des actions concrètes : « Il faut que la FFF prenne sa part de responsabilité et fasse tout ce qui est en sa capacité pour que sur le sujet des conditions de travail, du respect des droits humains sur son camp de base, la situation s’améliore, a demandé Mme Oudéa-Castéra. Par rapport aux images très choquantes qu’on a vues [jeudi], des réactions s’imposent ». Juste avant la diffusion de « Complément d’enquête », la FFF avait annoncé une prochaine mission au Qatar. Répondant aux exigences de la ministre des sports, celle-ci devrait donc arriver dès mardi 18 octobre dans l’émirat.

Un choix qui remonte à plus de six mois

L’envoi en urgence de responsables de la « 3F » à Doha intervient après une longue période où la fédération a, a contrario, semblé traîner les pieds et ne pas prendre la mesure de la question des droits humains au Qatar. La FFF a choisi cet hôtel pour établir le camp de base des Bleus il y a plus de six mois, en marge du tirage au sort du Mondial, à Doha, le 1er avril. A l’époque, la Fédération internationale de football (FIFA) assurait qu’une « procédure de diligence sans précédent [était] appliquée afin de protéger les droits et le bien-être des travailleurs dans 159 hôtels différents, notamment ceux qui hébergeront les équipes participantes ».

Selon les informations du « Monde », la FFF n’a, contrairement à d’autres fédérations, pas donné suite à la proposition de l’Organisation internationale du travail (OIT) d’utiliser la grille d’évaluation que cette dernière a établie pour vérifier les pratiques en termes d’embauche et de conditions de travail des hôtels qatari. « La fédération française ne s’est pas montrée responsable », déplore un responsable de l’OIT. Celui-ci cite en exemple les délégations danoises, belges, américaines et britanniques, qui ont collaboré avec l’organisation onusienne pour choisir leur camp de base pendant le Mondial.

Lire aussi : Mondial au Qatar : la Fédération française de football répond vertement à Amnesty International

En septembre, Amnesty international avait également dénoncé, dans une lettre ouverte, le « silence assourdissant » de la fédération et des Bleus « face aux milliers de travailleurs migrants décédés sur les chantiers qataris [du prochain Mondial], et aux milliers d’autres soumis au travail forcé ». Déplorant une « campagne de stigmatisation » de l’ONG, la FFF expliquait alors avoir « mis en œuvre différentes mesures de vérifications concernant le respect des droits sociaux et l’application de conditions de travail respectueuses sur le camp de base de l’équipe de France » au Qatar, sans que l’on sache quels étaient les dispositifs mis en œuvre.

Jeudi sur RTL, Mme Oudéa-Castéra a rendu publique son souhait de voir les choses avancer plus rapidement, plus concrètement : « J’ai eu un premier retour qui, honnêtement, n’a pas levé les doutes, donc je ne vais pas les lâcher sur le sujet. (…) Je veux qu’on soit vigilants et irréprochables (…). Ils se sont engagés à se retrouver sur place dans les tout prochains jours, ils doivent faire le job. »

Mardi à Doha, les trois haut responsables de la FFF vont donc « faire le job » réclamé par la ministre des sports et depuis plus longtemps encore par les organisations attentives au respect des libertés fondamentales et des droits humains au Qatar. Trop tard ? En termes d’image renvoyée par la fédération française, sans doute. Pour ce qui est de la seule question de l’hébergement des Bleus et de leur encadrement pendant le Mondial, sans doute aussi. En effet, difficile d’imaginer, à un peu plus d’un mois à peine du coup d’envoi de la compétition, que la FFF puisse changer d’établissement, si la mission qu’elle envoie à Doha faisait des découvertes inacceptables. Mi-novembre, l’équipe de France posera donc vraisemblablement ses valises à l’hôtel Al-Messila, choisi avant tout en tenant compte de critères pratiques et de confort.

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