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« seules contre tous », les Bleues veulent terrasser « l’ogre néo-zélandais »

« seules contre tous », les Bleues veulent terrasser « l’ogre néo-zélandais »


Caroline Drouin et l’équipe de France féminine de rugby aspirent à battre les hôtes néo-zélandaises, et à se hisser en finale.

Au pays du « long nuage blanc », elles se verraient bien assombrir le ciel. Opposée aux Black Ferns (fougères noires) en demi-finales de la Coupe du monde, l’équipe de France féminine de rugby sait qu’elle n’a ni la faveur des parieurs ni celle des spectateurs face aux alter ego féminins des All Blacks. Pour ce samedi 5 novembre (7 h 30, heure de Paris), le mythique Eden Park d’Auckland est annoncé bondé, et le récent record d’affluence d’un match de rugby au féminin (34 235 spectateurs lors du match d’ouverture) risque de tomber.

Mais à l’image de leur capitaine, Gaëlle Hermet, les Bleues aspirent à gâcher la fête. « Forcément, on sera seules contre tous, résume la troisième ligne dans L’Equipe. Sur le terrain, il n’y aura que nous, et peut-être 5 % ou 10 % du public qui nous encouragera. »

Affronter la Nouvelle-Zélande sur sa terre, dans un stade en fusion, les Françaises en rêvaient. « On espérait retrouver, à un moment donné, ce match-là, parce que c’est à la fois un énorme challenge et rien qu’en en parlant on sent qu’on a envie d’y être », a exposé le sélectionneur tricolore, Thomas Darracq, en conférence de presse. Ce sera pour une place en finale. « J’espère que ça va nous galvaniser, poursuit l’entraîneur. La pression est surtout sur les Néo-Zélandaises, qui vont aussi découvrir un Eden Park avec 40 000 personnes. » Si, depuis cette année, les joueuses des Black Ferns disposent de contrats professionnels avec leur fédération – à la différence des Françaises, toujours amatrices –, aucune rugbywoman n’a jamais évolué devant un tel public.

Pour les coéquipières de Gaëlle Hermet, l’enjeu est clair. Jamais les Bleues n’ont franchi le seuil des demi-finales en Coupe du monde. Et il a longtemps semblé infranchissable. En huit éditions avant ce Mondial aux antipodes, les Françaises en ont achevé six – dont la dernière, en 2017 – la médaille de bronze autour du cou. « On a l’opportunité d’écrire l’histoire du XV de France, je pense qu’on est conscientes de cet enjeu », a insisté la demie d’ouverture, Caroline Drouin, interrogée vendredi sur France Inter. En 2017, la Bretonne et ses partenaires avaient échoué face aux Anglaises dans le dernier carré.

Attaque « létale » contre « mur bleu »

Samedi, une montagne néo-zélandaise se dresse sur leur route. Tenantes du trophée, et quintuples championnes du monde (1998, 2002, 2006, 2010, 2017), les Black Ferns ont déjà fait mieux que leurs homologues masculins, trois fois titrés en neuf éditions, et leur simple nom inspire tout autant le respect et la peur à leurs adversaires.

Si en 2021 les Bleues avaient trouvé la clé de l’équation néo-zélandaise, avec deux victoires à Pau (38-13) puis Castres (29-7), l’équipe des Black Ferns s’est largement renouvelée depuis. A commencer par le staff technique. En avril, Wayne Smith a repris en main une formation marquée par une tournée calamiteuse dans l’hémisphère nord à la fin de novembre, avec quatre lourdes défaites contre l’Angleterre et la France.

A l’époque, les Néo-Zélandaises sortaient de deux ans sans match international, en raison du confinement strict imposé dans le pays. Une nuance qui prend toute son importance aujourd’hui. Les Galloises peuvent en témoigner : écrasées en phase de groupes (56-12), elles n’ont pu que constater en quarts de finale (55-3) le rouleau compresseur qu’est redevenu l’hôte de la Coupe du monde. « Elles sont létales quand elles ont la balle », a insisté la capitaine galloise, Siwan Lillicrap.

« Létales » et d’une efficacité redoutable. Avec 209 points inscrits (dont 35 essais) en quatre rencontres, les coéquipières de la machine à marquer, Portia Woodman – déjà sept essais pour l’ailière dans la compétition, désormais meilleure marqueuse d’essais en Coupe du monde, hommes et femmes confondus –, déroulent leur jeu. Mais face à la meilleure attaque de la compétition va se dresser un « mur bleu », redoute Woodman, prédisant une « très rude bataille ».

Avec seulement deux essais encaissés depuis le début du tournoi, les Françaises entendent enrayer la machine noire. « Il va falloir être très fort devant », a martelé Thomas Darracq, qui s’attend à « un défi de quatre-vingts minutes, à l’image de ce qu’on a vécu contre l’Angleterre » – lors des phases de groupes. Au terme d’un combat acharné, ses joueuses avaient cédé de justesse face à leurs meilleures ennemies (7-13).

« Une équipe qui ne craint pas » les Black Ferns

Avec ce combat de styles, entre attaque à tout-va et défense intraitable, difficile de prédire le dénouement. « A l’image de ce qui existe chez les hommes, la France peut avoir ce petit plus d’irrationnel face à la Nouvelle-Zélande », a ajouté, cette semaine, le sélectionneur anglais, Simon Middleton, en conférence de presse. A la tête des Red Roses, les autres favorites du tournoi, opposées au Canada dans l’autre demi-finale, le technicien britannique avertit les hôtes de la compétition : « Elles ont déployé un rugby spectaculaire, et sont sans aucun doute l’équipe la plus en forme de la compétition. Mais affronter la France sera un nouveau test pour elles, car elles affronteront une équipe très coriace en défense. Et une équipe qui ne les craint pas. »

Lire l’entretien : Coupe du monde féminine de rugby à XV : Joanna Grisez veut « retranscrire l’énergie que l’on peut avoir à VII »

Les Bleues devront le montrer, dès le Ko Uhia Mai, ou haka, qui précédera le coup d’envoi. « Garçons comme filles, pendant très longtemps, on les a toujours vus comme “l’ogre néo-zélandais” : on ne les jouait pas beaucoup, il y avait le haka, toute la culture derrière, leur force et leur puissance, relate Thomas Darracq. Aujourd’hui, tout ça a été beaucoup atténué, car on les rencontre plus souvent, et parce qu’on les a battus dernièrement. » Pour ses troupes, l’accession à une première finale mondiale ne peut passer que par un défrichage en règle des « fougères » néo-zélandaises.

Nouvelle-Zélande – France, samedi 5 novembre, 7 h 30 (heure française), en direct sur TF1.

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