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Un technicien expérimenté qui déverse des produits chimiques dans un circuit d’eau destiné aux chaudières d’une centrale à charbon. Un patron espionné dans sa propre voiture… Les séquences ne sont pas tirées d’un film. Elles se sont déroulées à quelques jours d’intervalle, fin septembre, et offrent un nouvel éclairage sur la crise sans précédent que traverse Eskom, la compagnie nationale d’électricité en Afrique du Sud. Car aux ingrédients connus du désastre s’ajoute désormais le sabotage, sur fond de lutte contre la corruption.
Forcé de recourir à des coupures de courant d’une intensité record depuis début septembre, le géant public a expliqué, au plus fort de la crise, avoir été confronté à un flot de pannes sur son parc de centrales à charbon, alors que ses réserves énergétiques d’urgence baissaient dangereusement. Vieillissantes, la plupart sont en activité depuis une quarantaine d’années, mais même les unités les plus récentes subissent régulièrement des avaries. Une fragilité excessive héritée de la gestion passée de l’entreprise, victime de détournements de fonds massifs sous les mandats de l’ancien président Jacob Zuma, de 2009 à 2018.
Mais le 2 octobre, l’hebdomadaire sud-africain Rapport détaillait un incident d’une autre nature en révélant qu’un technicien avait été suspendu après l’arrêt de la centrale à charbon de Camden, dans la région du Mpumalanga – le « poumon noir » de l’Afrique du Sud –, pour cause de contamination des eaux. Eskom, traditionnellement discrète sur ces affaires, a confirmé qu’une enquête était en cours.
« Les événements qui se sont produits à Camden sont clairement un exemple, disons, de “résistance”… C’est un euphémisme », avait dénoncé quelques jours plus tôt, sans plus de détails, Pravin Gordhan, le ministre des entreprises publiques, alors qu’une nouvelle direction tente depuis début 2020 de débarrasser la compagnie des pratiques de corruption héritées de l’ère Zuma.
« Ça vient de l’intérieur d’Eskom »
« Nous savons qu’il existe d’autres preuves de tentatives délibérées de mettre hors service ou d’endommager nos centrales électriques. Et ça vient de l’intérieur d’Eskom, de gens qui y travaillent, qui ont accès aux infrastructures », explique Gareth Newham, spécialiste des questions de sécurité au sein de l’Institute for Security Studies (ISS, à Pretoria).
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