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prison requise contre le maire d’Istanbul pour «insulte»

prison requise contre le maire d'Istanbul pour «insulte»


La justice a requis vendredi au moins un an et trois mois de prison contre le maire d’Istanbul et figure de l’opposition Ekrem Imamoglu, ce qui pourrait l’écarter d’autant de la vie politique à quelques mois d’élections cruciales en Turquie. Selon son avocat Me Kemal Polat, joint par l’AFP, le procureur du tribunal de première instance d’Istanbul a demandé une peine allant d’un an et trois mois de prison à quatre ans et un mois de détention contre M. Imamoglu. « La cour n’a respecté aucune règle de procédure. Ils avaient tout décidé à l’avance. Il y a une volonté de condamner à la va-vite », a déclaré Me Polat. Les débats ont été renvoyés au 14 décembre.

Le procès avait repris vendredi dans un contexte tendu pour les opposants, à sept mois d’un scrutin présidentiel et législatif annoncé comme disputé – et dont M. Imamoglu pourrait être l’un des protagonistes. L’édile de 52 ans, membre du CHP (social-démocrate), le principal parti d’opposition au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, qui ne s’est pas présenté au tribunal, est poursuivi pour « insulte » aux membres du Haut conseil électoral turc. L’avocat de M. Imamoglu avait demandé que le juge soit récusé, l’accusant de partialité. Sa demande a été rejetée.

Me Polat avait déjà dénoncé une « affaire politique », rappelant que toute condamnation à plus d’un an de prison – « même un an et un jour » – écarterait automatiquement son client de la vie politique pour une durée équivalente. Dans un entretien à la télévision turque Fox TV vendredi matin, le maire d’Istanbul a joué l’indifférence : « Je ne m’intéresse absolument pas à ce qui m’arrivera. Je ne ressens aucune inquiétude, ni peur. Mais j’ai honte de ce procès. Il ne peut y avoir un tel jugement. C’est tragicomique », a-t-il asséné. Il a cependant assuré « faire confiance à la grande justice turque ».

« Idiots »

Cette audience survient une semaine après l’inculpation du président du CHP et autre possible candidat à la présidence, Kemal Kilicdaroglu, pour « diffusion de fausses nouvelles ». Au titre d’une récente loi sur la désinformation, ce dernier encourt jusqu’à trois ans de prison – et serait donc empêché de se présenter. En mars 2019, l’élection de justesse de M. Imamoglu à la mairie d’Istanbul avait été annulée par le régime, contraint de s’incliner trois mois plus tard face à la mobilisation de l’électorat qui avait offert une large victoire à l’opposant. Quelques mois plus tard, Ekrem Imamoglu avait jugé « idiots » ceux qui avaient invalidé sa première élection, ce qui lui vaut d’être poursuivi en justice.

Pour Kemal Kilicdaroglu, le pouvoir tente par cette manœuvre « d’interdire notre maire de toute activité politique ». « Mais je vous le dis clairement : Imamoglu est un gros morceau qui va vous rester coincé en travers de la gorge. Nous ne laisserons personne engloutir Imamoglu », a lancé le patron du CHP. Le régime de M. Erdogan, confronté à une grave crise économique et à une inflation de plus de 85% sur les 12 derniers mois, semble vouloir faire le ménage dans les rangs des opposants, déjà durement touchés par les vagues d’arrestations qui ont suivi la tentative de coup d’état de 2016.

Des centaines d’arrestations ont eu lieu depuis la mi-octobre parmi les sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen, ancien allié devenu bête noire du chef de l’État qui l’accuse d’avoir orchestré ce putsch.

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