En mai 2023, les Français font face à des prix élevés à la pompe. Bien que TotalEnergies limite le prix du litre d’essence et de diesel à 1,99 euro dans ses stations-service, d’autres distributeurs proposent des tarifs supérieurs à 2 euros le litre. Selon le ministère de la Transition écologique, le sans plomb 95 est en moyenne à 1,878 euro le litre en France, soit une augmentation de 6% depuis le début du conflit en Ukraine. Malgré une tendance à la baisse observée chez la plupart des pays européens et un cours du baril de pétrole revenu à son niveau d’avant crise, les tarifs restent élevés dans l’Hexagone.
Cependant, la France est spécifique en termes de consommation de carburant. Les détenteurs de véhicule essence utilisent davantage le SP95-E10, contenant 10% de bioéthanol. Le prix de ce carburant d’origine végétale a augmenté en début d’année en raison de la hausse des matières premières agricoles due au conflit ukrainien. Les distributeurs sont également soumis à des certificats d’économies d’énergie qui leur imposent des obligations environnementales particulières. En France, ils doivent prouver leur participation à des programmes d’économies d’énergie dans des maisons ou pour remplacer des chaudières, même s’ils sont éloignés de leur activité première. Cette règlementation ajoute un coût, qui a augmenté au fil de l’année en raison d’objectifs plus élevés.
Par ailleurs, l’embargo sur le pétrole russe entré en vigueur en février a un impact particulier sur la France. En 2019, elle a en effet été le plus grand consommateur de diesel en Europe, importé à 30% de Russie en 2021. La France doit donc s’approvisionner à un prix plus élevé auprès d’autres fournisseurs. Enfin, le contexte social tendu des derniers mois en France et les grèves dans les raffineries ont également fait grimper les prix à la pompe. « Normalement, on est auto-suffisant en sans-plomb. Mais là, il a fallu aller en chercher ailleurs. Et dans ces cas-là, les fournisseurs ne nous font pas de cadeaux », a déclaré Francis Pousse, président de la branche stations-service du syndicat professionnel Mobilians.
Selon la Commission européenne, seuls le Danemark et la Finlande affichent des tarifs plus élevés que la France à la pompe, en dépit d’une légère baisse observée ces dernières semaines. Les Français doivent donc continuer à faire face à la réalité d’une facture élevée à la pompe, tandis que les distributeurs tentent de trouver des moyens de limiter les coûts pour conserver leur clientèle.