L’Allemagne connait un boom des ventes de radiateurs électriques sans précédent. En cause, la crainte de voir l’approvisionnement en gaz réduit, voire arrêté, cet hiver. Un phénomène qui pourrait aussi impacter les foyers français.
C’est une autre conséquence de la guerre en Ukraine. Avec la baisse de la livraison de gaz en provenance de Russie, l’Allemagne connaît un boom des ventes de radiateurs sans précédent en période estivale. Les ventes ont déjà augmenté d’un tiers au premier semestre.
Le phénomène s’explique par le conflit entre la Russie et l’Ukraine ainsi que par la hausse du prix du gaz. Mais c’est aussi la crainte de voir le robinet du gaz russe fermé d’ici à cet hiver qui motive les Allemands. D’autant que Moscou a déjà réduit son approvisionnement gazier en Europe. Effrayés à l’idée de ne pouvoir se chauffer correctement à la fin de l’année, les foyers prennent donc d’assaut les supermarchés qui commercialisent ces chauffages électriques d’appoint.
Une explosion de la demande d’électricité
Mais un tel comportement n’est pas sans risques. Si ces appareils pourraient permettre des économies non-négligeables sur les factures de gaz, ils pourraient, à l’inverse, faire grimper en flèche les notes d’électricité. En effet, ces chauffages ne sont pas conçus pour chauffer durablement un logement.
Par ailleurs, le recours massif à ce genre d’appareil, au même moment, pourrait faire exploser la demande et la production d’électricité. Une surconsommation qui pourrait entraîner une interruption des livraisons d’électricité.
Estimée à 20%, la dépendance au gaz russe est bien moins importante, en France que chez nos voisins allemands. « Mais cela ne doit pas nous empêcher de faire des efforts », prévient Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politique française et européenne de l’énergie à l’institut Jacques Delors.
La France impactée?
« Il y a une forte tension à l’heure actuelle sur la production de l’électricité en France », a-t-il rappelé sur notre antenne. « Donc, en hiver, on aura besoin d’importer cette électricité, notamment d’Allemagne », a poursuivi l’expert. Or le pays devra d’abord répondre à ses propres besoins en électricité qui pourraient exploser en raison de l’usage de ces radiateurs. Phuc-Vinh Nguyen a donc appuyé sur la « nécessité de réduire notre consommation générale d’énergie », à travers la sobriété énergétique.
En hiver, les foyers européens se chauffent en moyenne à 22 degrés. « On va pouvoir peut-être penser à réduire cette température à 19 ou 20 degrés », a suggéré le chercheur. « Mais on ne pourra pas demander les mêmes efforts à une personne en situation de précarité énergétique comme à une personne qui a les moyens d’isoler son logement », a-t-il souligné.
Parmi les pistes évoquées par l’expert, une campagne de mobilisation de l’État et des collectivités territoriales pour réduire leur consommation énergétique ainsi que des concertations avec les industries pour d’éventuelles interruptions de production.