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Pelosi à Taïwan: inutile bravade

Pelosi à Taïwan: inutile bravade


Après avoir laissé planer le doute sur ses intentions, Nancy Pelosi est finalement arrivée à Taïwan mardi. Peu importe la durée de son séjour ou la teneur des propos de la speaker de la Chambre des représentants, quelque chose cloche avec cette visite. Pourquoi maintenant?

J’ai lu son texte diffusé par le Washington Post, mais je n’y ai pas trouvé la réponse espérée. Les convictions de Mme Pelosi sont déjà connues et ses faits d’armes dans de nombreux bras de fer face aux dirigeants chinois sont entrés dans la légende.

Une gifle pour Biden

Si Joe Biden n’avait que les relations avec le géant chinois à gérer, nul doute qu’il concentrerait tous ses efforts et toutes ses énergies dans la zone Asie-Pacifique. Pourtant, il a poliment tenté de dissuader la speaker de se rendre sur l’île, appuyé presque aussitôt par le Pentagone et la CIA.

Comme l’affirme Nancy Pelosi dans son texte, nous savons tous que les États-Unis ont besoin de leurs alliés à Taïwan et qu’ils ont besoin de réaffirmer leur soutien à un régime démocratique sur lequel la Chine exerce des pressions importantes. La menace est réelle, mais elle n’est pas nouvelle. 

Cependant, plutôt que de se contenter de renouveler ses vœux, Pelosi a décidé de lancer le gant et de débarquer malgré les mises en garde répétées. Je crois que c’est une erreur. Pas parce qu’elle fait montre de fermeté et qu’elle refuse de se laisser intimider, mais plutôt parce qu’elle semble agir seule.

Si je ne crois pas que la réplique chinoise sera disproportionnée, je crois que la speaker sert un croc-en-jambe à l’administration démocrate. Je m’explique fort mal cette bravade de la part d’une stratège redoutable dont la poigne de fer permet de maintenir un semblant d’unité entre les factions démocrates au Congrès.

Bonne cause, mauvais synchronisme

La relation entre la Chine et les États-Unis est complexe et en dépit de leurs nombreux différends, les deux rivaux ont malgré tout besoin l’un de l’autre. C’est le message que Joe Biden souhaitait passer à celle qu’il considérait comme une alliée sûre.

Joe Biden connaît le tabac, son objection contenue au voyage de Pelosi ne constitue en rien une démonstration de faiblesse à l’égard de Xi Jinping. Le président ménage le dirigeant chinois parce qu’il a grandement besoin de sa collaboration pour accélérer une sortie de crise en Ukraine.

Si le 46e président est parvenu à regrouper ses alliés et que le soutien américain aux troupes ukrainiennes est vital, la Maison-Blanche espère que la Chine demeurera à l’écart du conflit, contribuant ainsi à étouffer l’économie russe tout en privant les troupes de Poutine du matériel dont elles ont grandement besoin.

Je me répète, mais je ne comprends pas la décision de la speaker Pelosi. Provoquer la Chine tout en servant à un président de sa formation politique une humiliante rebuffade est dangereux et, pour le moment, inutile.



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