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« Pas tirés d’affaires », un essai de Fabrice Arfi sur les déboires judiciaires des responsables politiques

« Pas tirés d’affaires », un essai de Fabrice Arfi sur les déboires judiciaires des responsables politiques


Livre. C’est un petit livre vif et salubre, qui, s’il se lit vite, ne s’oublie pas facilement. Il y a quelque chose de pourri au royaume de France, assure Fabrice Arfi, coresponsable des enquêtes à Mediapart. Un président de la République, Jacques Chirac, a été condamné pour des atteintes à la probité, son premier ministre Alain Juppé a été condamné pour des atteintes à la probité, son successeur, Nicolas Sarkozy, a été deux fois condamné pour des atteintes à la probité (il a fait appel), son premier ministre François Fillon a été condamné pour des atteintes à la probité. Le ministre responsable de la lutte contre la fraude fiscale Jérôme Cahuzac a été condamné pour fraude fiscale ; les deux derniers gardes des sceaux, François Bayrou et Eric Dupont-Moretti, ont été mis en examen pour des atteintes à la probité.

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Les « affaires » ne sont pas un rhume de la démocratie qui divertissent de l’essentiel, prévient M. Arfi, « elles forment le combustible d’une fatigue morale qui ouvre la voie au pire : l’extrême droite qui n’est traditionnellement forte que de la faiblesse des autres ».

Les condamnations glissent cependant sur les plumes des politiques. Patrick Balkany, multirécidiviste, a été constamment réélu ; Jean-Christophe Cambadélis, deux fois condamné pour des emplois fictifs, a pris la tête du Parti socialiste ; Eric Woerth, mis en examen pour « financement illicite de campagne électorale », a siégé cinq ans à la commission des finances de l’Assemblée nationale – il en est aujourd’hui questeur. Alain Juppé, lui, est redevenu ministre d’Etat, aux affaires étrangères, avant d’être nommé au Conseil constitutionnel…

Cause commune

Quand Nicolas Sarkozy est condamné à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire Bismuth, le ministre de l’intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, toujours en poste, est l’un des premiers à l’assurer de « son soutien, son affection, son respect », lui qui a autorité sur les policiers anticorruption dont, justement, les enquêtes ont permis de confondre l’ancien président.

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Fabrice Arfi ne cesse de se demander « d’où vient le mal français » : il en voit l’origine et la cause dans le césaro-présidentialisme du pays, dans l’idée que « la volonté de tous peut se résumer au pouvoir d’un seul », alors que tout remonte au président, que tout se décide à travers lui et que les contre-pouvoirs sont atrophiés.

Il y a sans doute quelques autres facteurs à y ajouter, ne serait-ce que la toujours introuvable indépendance des parquets ou les faiblesses de la presse, mais la démonstration est convaincante et la charge sévère. On passera dans ce petit livre sur les tics de l’écriture inclusive, sur les « magistrat·e·s spécialisé·e·s » et « détesté·e·s », pour méditer la promesse d’Emmanuel Macron en mars 2017 : « La justice est au cœur du projet que nous portons, parce que l’indécence, les privilèges n’ont que trop duré et nous voulons les mêmes règles pour tous. Quels que soient les statuts, nous voulons des dirigeants responsables, exemplaires et qui rendent des comptes. »

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