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Mon ami à la Coupe du monde

Mon ami à la Coupe du monde


J’ai connu Samuel dans mes premières heures au secondaire, dans une classe de français à l’école Félix-Leclerc, sport-études soccer.

Quinze ans plus tard, mercredi dernier, un appel Facetime de Sam, resté un de mes meilleurs amis : le voilà au centre du terrain d’un gigantesque stade, à quelques heures du premier match du Canada à la Coupe du monde. 

« Regarde ça, man ! » dit-il en me montrant le stade.

Un petit gars de Repentigny, qu’absolument rien ne prédestinait à jouer au soccer, se trouve à la Coupe du monde. Le Mondial, le plus grand événement sportif au monde, le plus prestigieux de tous.

Une histoire de travail

Son histoire, ce n’est pas celle de la vedette bourrée de talent. C’est ce qui la rend intéressante.

C’est une histoire inattendue, construite sur du travail, défiant les attentes. 

Aujourd’hui, c’est magnifique. On voit la finalité, les moments d’exaltation, la consécration, lui avec le maillot du CF Montréal et du Canada. 

Mais avant les artifices, il y a eu tous les efforts dans l’ombre, toutes les déceptions surmontées, tous les sacrifices.

L’exode, d’abord, du Québec à 14 ans pour la France.

Imaginez, à 14 ans, quitter le cocon familial. Partir seul, avec ses crampons de soccer et un rêve. Allez, faut laisser la famille et les amis derrière, les voir faire le party sans toi, les appels Facetime, revenir dans la famille à Noël pendant deux semaines, repartir trop rapidement.

Après la France, partir en Allemagne. Un autre pays, faut s’adapter.

Je me souviens d’être allé le voir à Düsseldorf, là où il jouait. 

Je le vois encore courir à l’entraînement avec des pneus accrochés derrière lui, en faisant des tours de terrain. Y a juste les Allemands qui doivent faire ça. Et y avait juste un Québécois qui les dépassait. Une histoire de travail, je vous dis.

À chaque étape, on disait qu’il avait atteint sa limite. Même lui devait croire qu’il était au bout. Mais non, il réussissait toujours à dépasser les attentes. Chaque fois.

Sélectionné un des derniers à l’Équipe du Québec, il est devenu le meilleur. Sélectionné avec l’équipe canadienne à 18 ans, il en est devenu un pilier. Il est revenu à Montréal, avec l’Impact, huit ans après avoir quitté l’Europe. On ne savait pas trop à quel point il était bon. Il est devenu le capitaine, le visage du club.

Et malgré tout, l’humilité l’accompagne. Jamais la tête enflée, toujours les deux pieds bien ancrés. Toujours ouvert à discuter avec un partisan, à écouter ses amis. Tout le monde peut en témoigner.

Un rêve possible

Il y a 15 ans, ce n’était même pas envisageable qu’un Québécois soit au Mondial. 

Toute l’histoire de Sam a commencé à la même place que celle de tous les jeunes Québécois qui regardent aujourd’hui le Mondial, et rêvent un jour d’y être.

Les premiers matchs de soccer, les parties de jeux vidéo où on jouait soi-même à la Coupe du monde, les tournois, les bons et mauvais matchs, les déceptions, les heures à déconner sur un terrain avec des amis, le travail à chaque pratique, les équipes nationales, les tours de terrain à traîner des pneus accrochés aux hanches.

Et il y a pour certains, dont un qui a été assez fou pour y croire, une Coupe du monde.



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