Qui veut la peau de la banane ? Pas sûr que cette question, sonnant comme le titre d’un thriller haletant, ait une réponse simple. Mais la filière s’inquiète. La banane reste plus que jamais un produit d’appel de la distribution. Ainsi, Leclerc n’hésite pas à mettre en tête de gondole publicitaire six fruits jaunes, à l’origine géographique non identifiée, pour la modique somme de 89 centimes. « On a mis leur prix au régime », clame la publicité visant à attirer le chaland vers l’enseigne et son offre de petits prix.
« La banane est le deuxième fruit le plus consommé en France, derrière la pomme, avec un total de 700 000 tonnes par an. C’est aussi le moins cher du rayon. En ces temps perturbés, elle n’a que plus d’atout », souligne Philippe Pons, président de l’Association interprofessionnelle de la banane. Point à souligner : 20 % des volumes sont estampillés bio.
La France cultive une autre particularité, liée cette fois aux origines des régimes. Près de 22 % ont vogué depuis la Martinique et la Guadeloupe et la moitié depuis l’Afrique. La banane dite « dollar », car issue de l’Amérique latine ou centrale, ne pèse qu’un quart des volumes. Au total, l’origine des mains de bananes se compte sur les dix doigts. Mais seule la banane antillaise a droit à la cocarde tricolore.
« Réduction de l’offre mondiale de 20 % »
Quelle que soit leur provenance, les régimes voyagent en conteneur, à une température de 12 °C. Une dormance d’une quinzaine de jours. C’est seulement arrivés à destination qu’ils entreront en mûrisserie pour atteindre, sous une atmosphère contrôlée, la couleur idéale aux yeux des commerçants, choisie dans un nuancier allant du vert au jaune. L’enjeu : obtenir une banane à la peau lisse, sans tache, à la couleur uniforme, avec un goût sucré au cœur.
Avec l’envolée des coûts du fret, du carton et des engrais, le manque de disponibilité des bateaux, l’augmentation du prix des carburants et de l’électricité, et la hausse du dollar, la mécanique s’est grippée. « Nous constatons une baisse de production en Afrique, en Equateur, au Costa Rica ou au Guatemala », affirme M. Pons. « Nous avons une réduction de notre offre mondiale de 20 %. Nous avons fait le choix de diversifier nos cultures, avec des gains de revenus immédiats, en plantant par exemple du maïs ou des haricots verts, et il y a eu des cyclones en Amérique latine », explique Eric Hellot, président de la filiale française du groupe américain Del Monte, numéro trois mondial de la banane derrière Dole et Chiquita.
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