C’est la fin d’une époque pour le chantier maritime Verreault : 66 ans après sa fondation, l’entreprise située à la frontière entre le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie passe aux mains du Groupe Océan de Québec.
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« Il y a cinq ou six ans, on a eu les premières discussions avec Verreault. Chemin faisant, ils ont certainement discuté avec d’autres groupes, mais le fait qu’on soit 100 % québécois et qu’on ait une réputation enviable comme employeur et comme fournisseur de services, je crois, ça fait qu’on a été le choix des vendeurs », a raconté mercredi au Journal Jacques Tanguay, PDG du Groupe Océan.
La valeur de la transaction n’a pas été divulguée, pas plus que le chiffre d’affaires de Verreault.
Stable et rentable
« C’est une entreprise qui est relativement stable en termes de revenus et de profitabilité, mais qui n’a pas connu de croissance récente, a précisé M. Tanguay. C’est une opération stable et profitable. »
Pendant plusieurs années, Verreault a tenté d’obtenir du financement des gouvernements pour un ambitieux projet d’expansion, mais en vain. Le chantier a néanmoins été agrandi à deux reprises depuis la fin des années 1990.
L’acquisition de Verreault permettra à Océan d’ajouter à ses actifs l’une des plus grandes cales sèches au Canada. Elle peut accueillir des navires d’une longueur allant jusqu’à 800 pieds. Les deux sites existants de l’entreprise, à Québec et à L’Isle-aux-Coudres, peuvent recevoir des navires d’à peine 200 pieds et 300 pieds, respectivement.
Le Groupe Océan entend par ailleurs accroître les activités de grande maintenance et de transformation chez Verreault afin d’assurer une occupation optimale des lieux. Le chantier des Méchins se spécialise actuellement dans les travaux de plus petite envergure.
Construction navale
« Clairement, l’intention d’Océan, c’est d’aller vers des travaux plus importants, possiblement des travaux de construction de petits navires, a affirmé Jacques Tanguay. […] Il y a beaucoup de possibilités qu’on voit venir à travers la Stratégie nationale de construction navale [d’Ottawa]. »
M. Tanguay a annoncé lui-même l’acquisition de Verreault à la centaine d’employés de l’entreprise, mercredi.
« Les gens sont très heureux ou s’ils ne le sont pas, ce sont de très bons acteurs », a-t-il lancé.
Personne n’était disponible chez Verreault, mercredi, pour commenter la transaction.
Même s’il a avoué ressentir « un pincement au cœur », le maire des Méchins, Dominique Roy, a toutefois accueilli avec enthousiasme le changement de propriétaire du plus grand employeur de la municipalité. Verreault fait travailler une centaine de personnes.
« C’est vraiment une très bonne nouvelle pour l’expansion de la municipalité », s’est réjoui M. Roy, qui entrevoit déjà l’arrivée de « nouveaux résidents » aux Méchins.
Une famille de navigateurs
Verreault Navigation a vu le jour en 1956, mais ses racines remontent jusqu’en 1909, alors que Jean-Louis Verreault, le grand-père du fondateur de l’entreprise, a acheté une barge à voile.
Pour se lancer en affaires, son petit-fils Borromée a d’abord opté pour le dragage. Il a rapidement étendu sa présence jusque dans l’est du Canada et dans les Grands Lacs.
En 1964, l’entreprise a ouvert un chantier de réparation et de construction navales.
Une dizaine d’années plus tard, le gouvernement du Québec a lancé un appel d’offres visant la construction d’une cale sèche. Verreault est choisi et inaugure les installations en 1982 après des travaux de six millions $.
Des femmes aux commandes
Comble de malheur, Borromée Verreault est mort peu de temps après l’ouverture de la cale sèche. Son épouse, Anita Dumaresq, lui a succédé à la tête de l’entreprise, suivie de ses deux filles, qui deviennent propriétaires en 1987.
Actionnaire unique depuis 1989, Denise Verreault a travaillé avec ardeur au développement de l’entreprise, multipliant notamment les sorties publiques. La cale sèche a été allongée en 1998 et élargie en 2015.
En raison de problèmes de santé, Mme Verreault a confié il y a quelques années la gestion de l’entreprise à son mari, Richard Beaupré, lequel est également devenu actionnaire. Il y a une quinzaine d’années, l’entrepreneure s’était par ailleurs lancée dans l’agriculture en Gaspésie.
« Verreault a en quelque sorte dessiné le portrait de notre municipalité », souligne le maire des Méchins, Dominique Roy.
« C’est quelque chose d’avoir une industrie comme ça dans son village », ajoute-t-il.
Le Groupe Océan en bref
■ Fondé en 1972 par Gordon Bain sous le nom d’Aqua-Marine
■ Employés : plus de 1000
■ Actionnaires : Gordon Bain, Jacques Tanguay, Caisse de dépôt, Fonds FTQ
■ Activités : réparation et construction navales, remorquage portuaire, dragage
■ Présence : Québec, Ontario, Alberta, Colombie-Britannique, Caraïbes
En 2018, la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ ont investi 112 millions de dollars dans le Groupe Océan.