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« Macron et Berger se sont connus sous le quinquennat de Hollande et c’est de là que découle leur différend »

« Macron et Berger se sont connus sous le quinquennat de Hollande et c’est de là que découle leur différend »



Depuis l’ouverture des hostilités à la mi-janvier, le conflit des retraites ressemble de plus en plus à un combat de boxe entre les deux protagonistes qui ne semblent pas vouloir céder. D’un côté, nous avons Emmanuel Macron, 45 ans, réélu à la présidence de la République en 2022 pour un mandat non renouvelable. De l’autre, Laurent Berger, 54 ans, réélu à la tête de la CFDT la même année pour un mandat qu’il compte abandonner en cours de route.

Le conflit qui oppose les deux hommes reflète une certaine idée du syndicalisme, de la politique et du rapport à l’autre. Les échanges sont dramatisés et millimétrés pour ménager le suspense sans que rien d’irrémédiable ne soit commis. Cependant, il y a une odeur d’inventaire dans l’air, ce qui laisse un goût amer en bouche. Ce conflit en dit long sur la manière dont les syndicats sont perçus par les dirigeants du pays.

Les deux dirigeants se sont rencontrés sous le quinquennat de François Hollande, et cela explique les trois dimensions de leur conflit actuel. Pour Laurent Berger, Emmanuel Macron incarne la dérive libérale qui a causé le déraillement du dernier quinquennat de la gauche. Emmanuel Macron avait en effet poussé à l’assouplissement du code du travail, ce qui avait mené aux violentes manifestations contre le projet de loi El Khomri. Pour le président de la République, le cédétiste est celui qui prétend faire jouer aux partenaires sociaux un rôle qui les dépasse. Emmanuel Macron reconnaît que les syndicats ont un rôle à jouer dans l’enrichissement et la mise en œuvre rapide des réformes, mais il ne peut pas accepter qu’ils puissent prétendre incarner l’intérêt général. Or, c’est précisément ce que la CFDT revendique en portant un projet de transformation sociale et sociétale.

Cette querelle autour du rôle des syndicats aurait pu passer inaperçu si le conflit des retraites n’avait pas donné à Laurent Berger une dimension beaucoup plus politique. Grâce au bon vouloir de Philippe Martinez, le leader sortant de la CGT, Berger est devenu le porte-parole le plus médiatique de l’intersyndicale. Il a symbolisé l’unité d’un univers qui risquait de s’affaiblir à force de divisions et de rivalités. Le taux de syndicalisation en France est l’un des plus bas d’Europe.

Le conflit des retraites oppose les deux dirigeants depuis bien trop longtemps maintenant. Il est temps que les comptes soient réglés une bonne fois pour toutes. Laurent Berger a promis de « casser la baraque » le 1er mai, mais n’exclut pas un retour à la table des négociations. Emmanuel Macron, quant à lui, devrait reconnaître que les syndicats ont un rôle important à jouer dans la transformation sociale et sociétale du pays. Il serait temps que les deux protagonistes fassent preuve de maturité et de responsabilité pour trouver une solution rapide et efficace à ce conflit qui n’a que trop duré.

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