L’élection présidentielle du Brésil se décidera au second tour. Au premier tour de scrutin, dimanche 2 octobre, l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », termine en tête devant le chef d’Etat d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro, avec 48,02 % des voix contre 43,55 %, selon des résultats partiels du Tribunal supérieur électoral (TSE) portant sur plus de 97 % des bulletins dépouillés.
Plus de 5 millions de voix séparent les deux hommes, Lula comptabilisant près de 56 millions de votes en sa faveur. Mais aucun des deux candidats n’ayant atteint la majorité absolue, ils seront départagés lors d’un second tour, dimanche 30 octobre.
« La Lutte continue jusqu’à la victoire finale », a déclaré, dimanche soir, Lula. « Nous allons remporter cette élection », a-t-il prédit, promettant « plus de déplacements, d’autres meetings » à la rencontre des Brésiliens pour décrocher un troisième mandat.
Quelque 156 millions de Brésiliens étaient appelés à voter pour ce premier tour afin de choisir leur président pour les quatre prochaines années. La centriste Simone Tebet récolte la troisième place, loin derrière, avec 4,21 % des voix. Le travailliste Ciro Gomes la suit à 3,05 %. Les sept autres candidats sont autour ou sous la barre des 0,50 %. Le taux de participation de ce premier tour a atteint 79 %.
Tension palpable
Cette courte victoire est décevante pour Lula auquel les sondages promettaient une large avance, voire un triomphe dès le premier tour, qu’il souhaitait célébrer sur la grande avenue Paulista de Sao Paulo. Samedi soir, le dernier sondage Datafolha donnait le candidat du Parti des travailleurs (PT) largement en tête, avec 50 % des voix, contre 36 % pour Jair Bolsonaro. Pour le dirigeant populiste, qui a échappé à une défaite humiliante au premier tour, ces quatre semaines peuvent être l’occasion de galvaniser ses troupes dans les rues et de trouver un nouvel élan.
Un second tour signifie encore un mois d’une campagne délétère qui a lassé des millions de Brésiliens depuis le mois d’août. Par ailleurs de nombreux candidats bolsonaristes, dont des ex-ministres du gouvernement, ont été élus au Congrès et comme gouverneurs.
Au quartier général du Parti des travailleurs, – un hôtel de Sao Paulo (sud-est) –, la tension était palpable dimanche soir, alors que les résultats étaient égrainés. Au début du dépouillement, Jair Bolsonaro, du Parti libéral, a compté plus de cinq points d’avance sur Lula, mais l’écart s’est ensuite réduit progressivement.
Quand Lula est passé devant après plus de trois heures de dépouillement, des centaines de personnes massées sur la place Cinelandia, dans le centre historique de Rio, ont explosé de joie, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).
« Fiabilité et transparence » du scrutin
Lula, qui a passé cinq cent quatre-vingts jours en prison pour corruption en 2018 et 2019, a fait un retour en force après l’annulation de ses condamnations en 2021. A 76 ans, il fait une campagne sur la « reconstruction » d’un pays très divisé, promettant l’éradication de la faim, ainsi qu’une lutte en faveur de la préservation de l’environnement.
Des craintes persistaient sur l’après-scrutin en cas de succès dès le premier tour de Lula dimanche. Son rival a menacé de ne pas reconnaître les résultats en cas de défaite, ciblant le système électoral, avant de montrer quelques signes d’apaisement à l’approche du vote.
Le président du TSE, Alexandre de Moraes, a assuré que le vote se déroulait « sans problème », et a tenu à « réaffirmer la fiabilité et la transparence » du système d’urnes électroniques, moult fois critiqué par Jair Bolsonaro. Plus de 500 000 membres des forces de l’ordre avaient été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin, qui s’est déroulé en présence de dizaines d’observateurs étrangers.