Le classement mondial des grandes fortunes établi chaque année par le magazine américain Forbes a toujours placé les entrepreneurs de la technologie en tête, de Bill Gates à Jeff Bezos, en passant par Mark Zuckerberg et Elon Musk. Cependant, cette année, c’est un fabricant de sacs à main et de parfums, Bernard Arnault, fondateur et propriétaire du groupe LVMH, qui a pris la tête du classement avec un patrimoine estimé à 211 milliards de dollars. LVMH est un groupe mondial leader de l’industrie du luxe avec des marques emblématiques telles que Louis Vuitton, Christian Dior, Fendi et Bulgari.
Bernard Arnault dépasse désormais Elon Musk et ses 180 milliards de dollars, avec une fortune qui équivaut quasiment à la somme que la France va emprunter sur les marchés en 2023 pour boucler son budget. De plus, pour la première fois dans l’histoire, les deux personnes les plus riches sont toutes deux françaises. En effet, la femme la plus riche du monde est Françoise Bettencourt Meyers, héritière du fondateur du groupe L’Oréal, dont la participation dans l’entreprise est évaluée à plus de 80 milliards de dollars.
Derrière les rois de la beauté et du luxe se trouvent d’autres spécialistes du secteur, tels que François Pinault (groupe Kering), les frères Wertheimer, propriétaires de Chanel, ou Nicolas Puech (Hermès). Emmanuel Besnier, le patron du géant du lait Lactalis, et la famille Saadé, propriétaire de CMA CGM, ferment la marche du top 10 des Français. Selon les calculs de Forbes, la France compte en ce moment un peu plus de quarante milliardaires.
L’industrie du luxe, grande spécialité française, prouve sa résilience et sa capacité de développement en ces temps troublés aussi bien en Occident qu’en Chine. L’Oréal a annoncé, mardi 4 avril, l’achat de la pépite australienne Aesop pour plus de 2 milliards d’euros. Pendant ce temps-là, la high-tech, dont les valorisations boursières ont fondu en 2022, ne se porte pas très bien. La fortune du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, est presque deux fois inférieure à celle du patron de LVMH. Cette situation pourrait expliquer la relative baisse de forme de la planète milliardaire, qui compte actuellement 2 640 personnes, contre 2 668 l’année précédente.
Tant qu’il y aura des riches, l’industrie française saura leur vendre du statutaire de rêve et s’enrichir à son tour. Une forme d’économie circulaire, très, très exclusive. La France peut être fière de ses champions de la richesse, mais la voie vers une plus grande égalité sociale reste longue.