Etudes en immersion, colocation internationale, vie nocturne et horaires décalés : « On dirait un cliché tiré du film L’Auberge espagnole, mais c’est mon quotidien depuis septembre », s’amuse Madeleine Bourguet, 18 ans. La jeune fille effectue les deux premières années de son double diplôme de droit franco-espagnol à l’université Complutense de Madrid, en partenariat avec la Sorbonne. Pourquoi s’envoler si tôt du nid familial et de France ?
« Mon lycée de secteur Marie-Curie à Sceaux [Hauts-de-Seine] proposait une section binationale pour passer un “bachibac” (contraction de bachillerato et baccalauréat). J’y ai développé mon goût pour la culture espagnole. Logiquement, j’ai voulu poursuivre sur cette lancée en suivant une formation bilingue en droit. » Les deux dernières années de son cursus sont prévues à Paris. « Mais je compte bien travailler plus tard dans des entreprises d’envergure européenne », confie Madeleine, dont le témoignage a été recueilli pour La Nuit de l’Europe, organisée samedi 13 mai par Sciences Po Strasbourg en partenariat avec Le Monde.
Même évidence pour Lucas Nitzsche, 20 ans, en troisième année à Sciences Po Paris, après avoir passé deux ans sur le campus de Nancy avec la mineure Union européenne. De par ses origines franco-allemandes, le Strasbourgeois a l’Europe dans ses gènes. Il a aussi cultivé cette affinité naturelle en optant pour un baccalauréat à option internationale. En terminale, il a rejoint le mouvement Jeunes Européens-France, dont il dirige aujourd’hui la revue Le Taurillon. « Avec nos publications en sept langues, nous essayons de susciter le débat auprès de nos trois millions de lecteurs, explique Lucas, qui vit son engagement comme une école de la démocratie européenne. Si je m’oriente vers le journalisme, conclut-il, ce sera pour exercer partout en Europe. «
Les plus passionnés tombent souvent dans la potion très jeune, à l’instar de Madeleine, Lucas ou Pauline Chetail. Cette dernière s’est engagée au Parlement européen des jeunes au lycée et le dirige aujourd’hui depuis le siège berlinois. « Présente dans trente-six pays, notre association sensibilise collégiens, lycéens et apprentis aux valeurs européennes. Nos grands regroupements leur permettent de dialoguer sur les enjeux-clés de la paix et de la démocratie, de la justice ou du climat. »
De quoi susciter des vocations précoces. « Les trois quarts des adhérents repèrent, à ces occasions, des zones géographiques où ils aimeraient travailler plus tard, au-delà de leurs frontières nationales », ajoute la trentenaire, qui a elle-même expérimenté ce parcours. Après un master en gouvernance européenne, Pauline a exercé à Londres, à la University College London, puis à Bruxelles, au sein du think tank Bruegel, pour faire du fund-raising (« collecte de fonds »), avant de s’installer à Berlin et de diriger l’association.
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