Le Monténégro a élu un nouveau président lors des élections du 2 avril, mettant fin au règne de Milo Djukanovic qui a duré 32 ans. Jakov Milatovic, 37 ans, économiste de formation et ancien ministre du Développement économique, a remporté l’élection avec environ 220 000 voix, soit 70 000 de plus que Djukanovic. Le quotidien monténégrin, Vijesti, décrit la victoire de Milatovic comme un plébiscite presque unanime et un coup de balai pour les Monténégrins qui ont voulu mettre un terme au règne de l’ancien régime. Milatovic a tenu à remercier tous les citoyens et a déclaré vouloir être le président de tous.
Milatovic a annoncé son intention de faire adhérer le Monténégro à l’Union européenne dans les cinq ans à venir tout en travaillant à renforcer les liens avec la Serbie et tous les pays des Balkans occidentaux. Il s’agit d’un engagement important, car cela signifie que Milatovic devra travailler à dépolitiser et renforcer les institutions du pays, qui ont été mises à mal par le fort clivage politique et identitaire entre l’Église orthodoxe serbe et Belgrade et les partisans de Djukanovic. Le président sortant est surtout connu pour être l’architecte de l’indépendance du Monténégro vis-à-vis de la Serbie en 2006, ainsi que pour son rôle dans l’adhésion du pays dans l’OTAN en 2017.
Milatovic est un économiste de formation, qui a travaillé pour la Banque européenne pour le développement et la reconstruction (Berd) pendant de nombreuses années avant de se lancer en politique en 2020 dans le cadre du gouvernement d’experts. Avec le ministre des Finances, Milojko Spajic, Milatovic a réussi à augmenter le salaire minimum de 222 à 450 euros en coupant les subventions à la santé et à l’éducation. Cette mesure a été qualifiée de populiste par leurs opposants, mais elle a renforcé leur popularité.
En 2022, Spajic et Milatovic ont fondé le mouvement L’Europe maintenant, qui a remporté les élections locales à Podgorica, la capitale du pays. Les élections législatives anticipées du 11 juin seront un nouveau défi pour Milatovic et son parti, mais ils ont clairement montré leur capacité à rassembler les électeurs et à proposer une alternative crédible au parti au pouvoir qui a perdu la faveur populaire. Le titre du quotidien Vijesti « 60 : 40, fin d’un règne pour un nouveau départ » illustre bien l’ampleur de cette victoire et la confiance des Monténégrins envers Milatovic et son programme politique pour l’avenir.
