En octobre 2021, le plafond maximum des notes de gaz et d’électricité au Royaume-Uni, fixé par le régulateur, était de 1 277 livres (1 527 euros) par an. En avril 2022, il est passé à 1 971 livres, soit un bond de 54 %. En octobre, son futur niveau, qui n’est pas encore annoncé officiellement, devrait atteindre « environ 3 500 livres », selon le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey. Cela représente un quasi-triplement des factures d’énergie en un an pour les foyers britanniques.
Le choc énergétique est mondial, mais ces derniers, faute de bouclier tarifaire ou de système équivalent, sont touchés de plein fouet. « Les familles sont confrontées à une hausse des prix sans précédent depuis une génération », observe Jack Leslie, économiste à la Resolution Foundation, un groupe de réflexion. En juin, l’inflation atteignait 9,4 % sur un an, au plus haut depuis quarante ans.
Jeudi 4 août, la Banque d’Angleterre en a tiré les conséquences. Elle prévoit désormais une inflation de 13 % au quatrième trimestre et estime que l’économie du pays va entrer en récession sur les trois derniers mois de 2022. Dans le même temps, elle tente d’enrayer l’envolée des prix, au risque de gripper encore un peu plus la croissance : elle a augmenté son taux d’intérêt directeur d’un demi-point, à 1,75 %. Il s’agit de la sixième hausse d’affilée, et de la plus forte menée d’un coup depuis 1995.
Niveau élevé d’inégalités
Ce tableau sombre est la conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fin février. « Depuis mai [lors de la précédente prévision de la Banque d’Angleterre], les prix de gros du gaz ont presque doublé à cause des restrictions des approvisionnements venant de Russie », souligne M. Bailey.
Le Royaume-Uni a néanmoins une particularité : les plus pauvres sont particulièrement exposés aux coûts
de l’énergie
La situation difficile du Royaume-Uni est loin d’être unique. En juin, l’inflation aux Etats-Unis était de 9,1 % et celle de la zone euro, de 8,6 %, à un niveau proche de celui d’outre-Manche. L’Europe centrale ou l’Allemagne sont bien plus exposées aux coupures de gaz russe que les Britanniques, qui s’approvisionnent principalement en mer du Nord. Par ailleurs, nombre d’économistes prédisent aussi une récession en zone euro et aux Etats-Unis dans les mois à venir.
Le Royaume-Uni a néanmoins une particularité : les plus pauvres sont particulièrement exposés aux coûts de l’énergie. Le 3 août, le Fonds monétaire international a publié une étude mesurant l’impact du choc énergétique pour les 20 % des foyers les plus riches et les 20 % les plus fragiles à travers l’Europe. En France, en Finlande ou en Suède, la hausse du coût de la vie est similaire pour les deux groupes, autour de 4 %. Au Royaume-Uni, elle est de 7 % pour les plus aisés et de 16 % pour les plus défavorisés. Seule l’Estonie affiche un écart aussi large.
Il vous reste 39.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.