En 2023, les objectifs de réemploi des emballages prévus par la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) entreront en vigueur en France. Pour rappel, cette loi instaure l’obligation pour les producteurs de denrées alimentaires ayant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros par an, de mettre sur le marché français 5 % de leurs produits dans des emballages réemployés. Ces derniers correspondent à des emballages collectés et lavés pour être réutilisés. Malgré la volonté de nombreux acteurs, tels que des producteurs de boissons et les opérateurs de lavage, il semble que l’absence de gammes standards d’emballages réemployables soit un obstacle majeur à la mise en place de cette mesure.
En Allemagne, par exemple, où 43 % des emballages de boissons sont encore consignés pour réemploi, les bouteilles d’eau minérale ont toutes la même forme, avec seulement une étiquette différente pour chaque marque. Pour faciliter l’échange d’emballages entre différents producteurs de boissons, il est donc préférable que ces derniers soient robustes et identiques. Cela nécessite une standardisation des emballages, qui doit être impulsée par les pouvoirs publics. Selon la loi AGEC, une gamme standard d’emballages réemployables – bouteilles, bocaux, etc. – aurait dû être mise en place il y a un an déjà, mais cela n’a pas été le cas. À ce jour, les gammes standards n’ont pas été définies clairement et les travaux de standardisation sont bloqués.
Les Français sont favorables au réemploi des emballages, mais l’État bute sur leur indispensable standardisation. Les éco-organismes ont été chargés de la définition de ces gammes standards, mais les modalités concrètes n’ont pas été définies. Le choix de l’organisme responsable du format, le coordinateur de l’avancée des travaux menés en parallèle pour assurer une cohérence, la validation finale des gammes standards officiellement mises sur le marché sont également des points de blocage. En l’absence de réponse, les travaux ont pris du retard.
Les conséquences de ce retard se font déjà sentir : les volumes de bouteilles réemployées mis sur le marché sont insuffisants, les centres de lavage ne tournent pas à plein régime, la pérennité de certains opérateurs est en jeu et, en parallèle, la production d’emballages à usage unique continue de progresser. Il semble donc peu probable que les objectifs de réemploi fixés par la loi soient atteints à court terme.
Il est indispensable que cette question soit prise en compte par les pouvoirs publics pour accélérer la mise en place de gammes standards d’emballages réemployables. La standardisation doit être encouragée pour permettre aux acteurs de la chaîne de production d’emballages et de leur réemploi de coordonner leurs actions efficacement. Il est également nécessaire de promouvoir la mise en place de centres de lavage performants, capables de satisfaire la demande en matière d’emballages réemployables. Plus que jamais, il est urgent d’agir pour mettre en place une économie circulaire plus respectueuse de l’environnement.