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Les dirigeants ouest-africains décident de créer une force régionale face au djihadisme et aux coups d’Etat

Les dirigeants ouest-africains décident de créer une force régionale face au djihadisme et aux coups d’Etat


Le Gambien Omar Touray, président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à Abuja, le 4 décembre 2022.

Les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont décidé, dimanche 4 décembre à Abuja, de créer une force régionale vouée à intervenir non seulement contre le djihadisme, mais aussi en cas de coup d’Etat – comme la région en a connu plusieurs depuis deux ans –, a indiqué un haut responsable de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Les chefs des Etats membres de la Cedeao ou leurs représentants réunis en sommet ont aussi exigé que la junte au pouvoir au Mali libère avant le 1er janvier 46 soldats ivoiriens prisonniers depuis juillet, a déclaré Omar Touray, président de la Commission de la Cedeao. A défaut, l’organisation régionale prendra des sanctions, a expliqué un diplomate ouest-africain à un correspondant de l’AFP sous le couvert de l’anonymat, alors que cette affaire est source de graves tensions entre le Mali et la Côte d’Ivoire, tous deux membres de la Cédéao. Le président togolais, Faure Gnassingbé, qui joue les bons offices dans cette crise, se rendra au Mali pour « exiger » la libération des soldats, a ajouté le diplomate.

« Les dirigeants de la Cedeao ont décidé de recalibrer notre architecture sécuritaire », a dit M. Touray. Il s’agit de prendre en main leur « propre sécurité » et non plus de s’en remettre à des acteurs extérieurs, a-t-il expliqué. Ils sont « résolus à établir une force régionale qui interviendra en cas de besoin, qu’il s’agisse de sécurité, de terrorisme ou de rétablir l’ordre constitutionnel dans des Etats membres », a-t-il déclaré.

Lire aussi : En Afrique de l’Ouest, des Etats veulent renforcer leur coopération pour lutter contre la propagation djihadiste

Plusieurs pays de la région sont en proie à la propagation djihadiste qui, partie du nord du Mali, a gagné le centre de ce pays, mais aussi le Burkina Faso et le Niger, et s’étend vers le sud et le golfe de Guinée. Les armées nationales sont largement impuissantes et coopèrent avec des acteurs extérieurs, l’ONU, la France ou encore la Russie. L’insécurité est un facteur primordial des coups d’Etat militaires qui ont secoué la région depuis 2020 au Mali, au Burkina et, pour d’autres raisons, en Guinée.

Des responsables militaires de la région se réuniront dans la deuxième moitié de janvier pour discuter des modalités d’établissement de la force régionale, a dit M. Touray. Les dirigeants ouest-africains ont décidé pour le financement de ne pas s’en remettre uniquement aux contributions volontaires, qui ont déjà montré leurs limites, a-t-il dit sans plus de précisions.

« Sérieuses inquiétudes »

Ils se sont aussi penchés sur la situation politique au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. La Cedeao, inquiète d’instabilité et de contagion, fait pression depuis des mois pour un retour aussi rapide que possible des civils à la tête de ces pays, dont deux, le Mali et le Burkina, sont gravement ébranlés par la propagation djihadiste. Le Mali et le Burkina ont été le théâtre de deux putschs en l’espace de moins d’un an. Les trois pays sont suspendus des organes décisionnels de la Cedeao. Sous la pression, les militaires se sont engagés à céder la place au bout de deux ans et d’une période dite de transition, au cours de laquelle ils disent tous vouloir « refonder » leur Etat.

Les dirigeants ouest-africains ont examiné les actes accomplis par les uns et les autres sur la voie de ce qu’ils appellent un « retour à l’ordre constitutionnel ». Au Mali, « il faut absolument que l’ordre constitutionnel revienne dans les délais prévus », a dit M. Touray. Si les militaires maliens respectent l’échéance annoncée de mars 2024 après des mois de confrontation politique avec la Cedeao et un sévère embargo commercial et financier aujourd’hui levé, la « transition » aura en fait duré trois ans et demi.

Lire aussi : En Guinée, les principaux partis boycottent le dialogue ouvert par la junte

En Guinée, M. Touray a pressé la junte d’associer « immédiatement » et « sans exception » les partis politiques et la société civile au processus devant ramener les civils au pouvoir. Les principaux partis et une bonne partie de la société civile boycottent l’offre de dialogue de la junte. Si ce dialogue n’est pas possible en Guinée même, la junte doit examiner la possibilité qu’il ait lieu dans un autre pays de la Cedeao, a dit M. Touray.

Quant au Burkina, M. Touray a exprimé « les sérieuses inquiétudes » de la Cedeao devant l’évolution sécuritaire et la crise humanitaire. Il a affirmé la volonté de l’organisation régionale de soutenir le Burkina.

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Le Monde avec AFP

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