Ils ne porteront pas de « brassard LGBT », mais les joueurs de l’équipe de France de football ont rappelé, mardi 15 novembre, leur « refus de toute forme de discrimination », avant la Coupe du monde 2022, qui commence dimanche au Qatar. Ils ont annoncé leur intention d’apporter un soutien financier à des organisations non gouvernementales (ONG) œuvrant « pour la protection des droits humains ».
Dans une « lettre collective » publiée sur les réseaux sociaux, les champions du monde en titre reconnaissent que l’événement aura lieu dans « un contexte troublé ». « Chacun de nous doit prendre sa part » de responsabilité, expliquent-ils, rejoignant d’autres nations qualifiées qui s’étaient déjà exprimées sur le sujet, comme l’Australie ou le Danemark.
Les Bleus étaient jusqu’ici restés assez discrets à propos des droits humains, un sujet qui a cristallisé les critiques d’ONG. « Notre passion ne doit pas être la cause du malheur de certains », insistent-ils, en se disant « sensibles » aux « alertes des ONG et associations ».
« Se concentrer sur le football »
Le soutien financier promis par les joueurs de l’équipe de France passera par Génération 2018, un fonds de dotation créé ces derniers mois par les champions du monde et « destiné à financer des actions à impact social » qui leur tiennent à cœur. Plusieurs capitaines de sélections européennes, dont la France, ont porté en septembre un brassard arc-en-ciel en faveur de l’inclusion et contre les discriminations. L’initiative devait être prolongée durant le Mondial 2022 au Qatar, où l’homosexualité est illégale.
Il avait été envisagé que le capitaine de l’équipe de France, Hugo Lloris, le porte, mais le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, a fait savoir qu’il n’y était pas favorable. Hugo Lloris a lui-même expliqué, lundi, qu’il comptait « montrer du respect » au pays hôte. « Lorsqu’on accueille des étrangers [en France], on a souvent l’envie qu’ils se prêtent à nos règles et respectent notre culture. J’en ferai de même lorsque j’irai au Qatar. Je peux être d’accord ou pas d’accord avec leurs idées, mais je dois montrer du respect par rapport à cela », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, ce qui a suscité de vives réactions.
Plusieurs nations qualifiées ont pris position sur ces sujets ces derniers jours. L’Australie a ainsi publié une vidéo où une quinzaine de joueurs s’élevaient contre les atteintes aux droits humains commises au Qatar. La sélection danoise avait de son côté envisagé de s’entraîner au Qatar avec des maillots portant un message pour le respect des droits fondamentaux, avant de voir sa requête rejetée par la Fédération internationale de football association (FIFA), organisatrice de l’événement. Dans une lettre, elle a exhorté ces derniers jours les équipes qualifiées à « se concentrer sur le football » et à ne pas tomber « dans chaque bataille idéologique ou politique ».