Du point de vue des finances publiques, le recul de l’âge de la retraite présente deux mérites. D’une part, il laisse plus longtemps les travailleurs en activité, favorisant ainsi la croissance potentielle et augmentant le nombre de cotisants ; d’autre part, il réduit le temps passé à la retraite, ce qui tend à freiner le rythme de croissance du nombre de retraités. Bien évidemment, une telle stratégie de contrôle du ratio de dépendance démographique (rapport du nombre d’inactifs au nombre d’actifs) n’est pas sans soulever un certain nombre d’interrogations sur sa réelle efficacité, notamment en raison de son impact social : les travailleurs seniors sont d’autant plus confrontés à des problèmes de pénibilité ou d’employabilité qu’ils doivent prendre tardivement leur retraite, ce qui fait que le recul effectif est inférieur au recul théorique de l’âge de départ. Toutefois, la perspective de travailler plus longtemps augmente la rentabilité de l’investissement dans la formation professionnelle tout au long de la vie, facilitant le maintien dans l’emploi et les transitions professionnelles.
Les régimes de la fonction publique (Etat, collectivités territoriales, hôpitaux publics) et assimilés, étant des régimes d’employeurs, le droit à pension est rattaché au contrat de travail ; à quelques nuances près, il en découle, pour l’employeur, l’obligation d’honorer ses engagements en versant une contribution additionnelle aux cotisations prélevées sur les salaires afin d’équilibrer les dépenses de pension.
Manne pour l’Etat
Lors de la campagne présidentielle, l’équipe du président Macron avait estimé que son projet de hausse progressive de l’âge minimal, conjugué à un relèvement de la pension minimale à 1 100 euros et à des dispositifs « carrières longues », pourrait conduire à une économie de l’ordre de 9 milliards d’euros en 2027 pour l’ensemble du système de retraite.
Sachant que les régimes de la fonction publique concentrent près de 27 % de la dépense, la manne d’économie pour l’Etat employeur serait potentiellement de 2,5 milliards d’ici à la fin du quinquennat (environ 0,3 % du budget général). L’Etat ne pourra certes pas puiser au-delà de ce gain budgétaire, car les économies restantes seront réalisées de façon indépendante par les régimes du secteur privé. Mais, dans un contexte de finances publiques particulièrement tendues, cette ressource budgétaire n’est pas négligeable. Dès lors, la question de son affectation se pose. Plusieurs pistes sont envisageables.
La première pourrait s’appuyer sur le principe de maintien du niveau de dépenses publiques en faveur des seniors. Soutenir la prise en charge publique des dépenses liées à la perte d’autonomie (environ 30 milliards d’euros) apporterait notamment une sécurité financière dans un contexte où les générations du baby-boom vont progressivement être confrontées massivement à ce risque, et où la désindexation des pensions par rapport aux salaires et à la croissance induit une perte de pouvoir d’achat relatif, particulièrement sensible en fin de vie, là où de nouveaux besoins se font sentir. Une deuxième piste pourrait viser à réduire le montant du déficit budgétaire (environ 160 milliards en 2021), ce qui revient à rééquilibrer la charge fiscale entre générations, dans un objectif d’équité intergénérationnelle.
Il vous reste 35.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.