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le procès de Félicien Kabuga, « l’argentier du génocide », s’ouvre à La Haye

le procès de Félicien Kabuga, « l’argentier du génocide », s’ouvre à La Haye


On l’a surnommé « l’argentier du génocide ». Le procès de Félicien Kabuga doit s’ouvrir jeudi 29 septembre à La Haye, devant les juges du Mécanisme de l’ONU chargé des derniers dossiers du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). L’octogénaire est accusé de génocide, d’entente en vue de commettre le génocide, d’incitation directe et publique au génocide, et de crimes contre l’humanité pour meurtre, extermination, assassinat et persécution commis en 1994.

Arrêté en mai 2020 à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), l’homme avait défié la justice internationale pendant un quart de siècle. Sa traque avait conduit les enquêteurs du TPIR au Kenya, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, et finalement en France où il résidait depuis plusieurs années, chez l’un de ses treize enfants. Le procès fera-t-il toute la lumière sur les complicités dont a bénéficié l’ancien homme d’affaires ? Permettra-t-il, surtout, de comprendre les rouages financiers du génocide des Tutsis, perpétré au Rwanda en 1994 et dont le bilan s’élève à 800 000 morts selon les Nations unies ?

Lire aussi le récit : Article réservé à nos abonnés Comment les enquêteurs ont arrêté Félicien Kabuga, le « financier » présumé du génocide des Tutsi

Soutien « matériel, logistique, financier et moral »

Le cœur des accusations porte sur son soutien « matériel, logistique, financier et moral » aux milices Interahamwe chargées d’exécuter le génocide à travers tout le pays. Félicien Kabuga devra aussi répondre de son rôle parmi les fondateurs de la Radio-Télévision libre des Mille Collines (RTLM), un organe destiné à « propager un discours anti-Tutsis dans le but d’éliminer le groupe ethnique tutsi au Rwanda », selon l’acte d’accusation.

Rien ne garantit que le procès permettra de lever le voile sur les réseaux et les méthodes de financement du génocide des Tutsis

L’ancien commerçant devenu, à l’époque du génocide, la personnalité la plus riche du Rwanda, est accusé d’avoir participé à la création du Fonds de défense national (FDN) à Gisenyi, dans l’ouest du pays. Celui-ci devait servir à l’achat d’armes et d’uniformes pour les milices hutu et l’armée dans tout le pays. Félicien Kabuga était le signataire de plusieurs comptes bancaires au nom du FDN. Selon le procureur, « des armes et des munitions » avaient été apportées à Gisenyi « via l’aéroport de Goma », au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo), dans des camions marqués de ses initiales pour acheminer les fournitures.

Rien ne garantit pourtant que le procès permettra de lever le voile sur les réseaux et les méthodes de financement du génocide des Tutsis. L’acte d’accusation évoque la création du FDN, en avril 1994, à l’hôtel Méridien de Gisenyi. C’est « dans ce même hôtel que se réunissaient les officiels rwandais et les intermédiaires chargés de négocier les grands contrats d’achats d’armes dont les montants et les commissions portaient sur plusieurs millions de dollars, impliquaient les banques privées rwandaises et les sièges des banques actionnaires européennes qui les honoraient », explique l’expert André Guichaoua qui, au début des années 2000, avait enquêté pour le compte du TPIR sur le volet financier du génocide.

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