La caméra s’allume. A distance, devant son ordinateur, Dmitri Tchernichev apparaît, ébouriffant ses cheveux d’une main. « Mon histoire est assez simple, commence-t-il. Quand la guerre a éclaté [le 24 février], je passais tout mon temps devant mon écran, je dormais deux ou trois heures à peine. » Blogueur bien connu en Russie, ce formateur professionnel n’a cessé de dénoncer l’invasion « monstrueuse » de l’Ukraine jusqu’à ce que, le 4 mars, la police débarque chez lui. Première alerte. Puis il est interpellé en pleine rue, à Moscou, près de la station de métro Maïakovskaïa, où il a été repéré par le système de reconnaissance faciale, omniprésent dans la capitale. « La police m’a remis au FSB [les services russes de sécurité]. Je leur ai dit que, pour moi, Poutine n’était plus président depuis 2008, date à la laquelle il a usurpé le pouvoir. J’ai ajouté : “J’ai servi deux ans dans les parachutistes à Tchernobyl, en Ukraine, entre 1984 et 1986, pour protéger un réacteur, pas la peine de me faire peur.” »