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Le Maroc, nouvelle voie migratoire pour les Soudanais en route vers l’Europe

Le Maroc, nouvelle voie migratoire pour les Soudanais en route vers l’Europe


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Un migrant soudanais dans le centre de séjour temporaire de Melilla, le 25 juin 2022.

Issam a une main dans le plâtre, des douleurs à l’épaule et une blessure à la tête qui cicatrise lentement. A Casablanca, le Soudanais de 22 ans poursuit sa convalescence, un mois après la tentative de passage en force à Melilla, enclave espagnole dans le nord du Maroc, au cours de laquelle 23 migrants sont morts selon Rabat, au moins 27 selon l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

De ce drame, Issam ne garde que quelques images violentes. Il se souvient qu’au moment d’escalader le grillage, il a reçu des coups de matraque de la police. Il est tombé puis a été assommé. Lorsqu’il a repris connaissance, on l’a fait monter dans un bus qui l’a envoyé dans le sud du pays. Depuis, il a rejoint Casablanca. Il erre dans les rues avec ses compagnons de route qui faisaient partie, comme lui, des quelque 1 500 migrants à avoir tenté, le 24 juin, de pénétrer à l’intérieur de la possession espagnole – seule frontière terrestre, avec celle de Ceuta, de l’Union européenne sur le continent africain.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Maroc, dans l’enclave de Melilla, une tentative d’entrée de migrants tourne au drame

Les associations locales ont pu établir que la majorité d’entre eux étaient des Soudanais. Alors que leur présence au Maroc avait jusque-là peu retenu l’attention, leur nombre ce jour-là a révélé un phénomène nouveau : un changement de route migratoire pour ces ressortissants généralement originaires du Darfour et du Kordofan, deux régions en proie aux conflits. Certains viennent aussi du Soudan du Sud, un pays ravagé par la guerre civile. « La présence de Soudanais au Maroc est assez nouvelle, confirme Hassan Ammari, président de l’association Aides aux migrants en situation vulnérable (AMSV), à Oujda (nord-est). Nous avons vu les premières vagues arriver de la frontière algérienne durant l’été 2021. Auparavant, leur nombre était marginal. »

« Le renforcement d’une frontière ne fait que déplacer les routes »

La plupart ont transité par la Libye. « Historiquement, ce pays limitrophe du Soudan est la voie d’accès des Soudanais pour rejoindre l’Italie en traversant la Méditerranée centrale », souligne Sara Prestianni, de l’ONG EuroMed Droits. Mais les violences croissantes auxquelles sont confrontés les migrants en territoire libyen les ont poussés à emprunter d’autres itinéraires, selon cette spécialiste des migrations. Elle évoque « la forte instabilité politique en Libye, avec des milices qui contrôlent le territoire et pour lesquelles les migrants sont de l’argent liquide, la répression dans les centres de détention, le rôle accru des gardes-côtes libyens, auxquels l’Italie a sous-traité le contrôle des frontières et les interceptions en mer ». Beaucoup se sont donc résolus à effectuer ce grand détour par l’Algérie et le Maroc, incités aussi par le bouche-à-oreille et ballottés de trafiquants en trafiquants.

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