Des tensions dans le nord du Kosovo, où vit une minorité serbe, ont éclaté dimanche soir à la frontière avec la Serbie afin de protester contre les nouvelles règles frontalières qui devaient entrer en vigueur lundi 1er août.
Des barricades ont été érigées sur des routes menant en Serbie et des coups de feu tirés sur la police kosovare. Le gouvernement du Kosovo a décidé lundi de reporter d’un mois l’entrée en vigueur de ces nouvelles règles. Le report a été annoncé dans un communiqué du gouvernement à l’issue d’une rencontre avec l’ambassadeur des Etats-Unis au Kosovo, Jeffrey Honevier.
Les nouvelles règles prévoient que toute personne entrant au Kosovo avec une carte d’identité serbe dispose d’un document temporaire pendant son séjour dans le pays. Pristina avait, par ailleurs, donné deux mois aux Serbes du Kosovo pour remplacer les plaques d’immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo.
Le premier ministre, Albin Kurti, a précisé dimanche qu’il s’agissait d’une mesure de réciprocité, dans la mesure où la Serbie – qui ne reconnaît pas l’indépendance de son ancienne province à majorité albanaise proclamée en 2008 – en exige autant des Kosovars qui entrent sur son territoire.
Ces mesures ont suscité de vives tensions dimanche. La police kosovare a déclaré avoir été la cible de coups de feu, sans faire de blessé, et des barricades avaient été érigées sur des routes menant en Serbie. Les deux points de passages ont été fermés à la circulation. Dans son communiqué, le gouvernement kosovar a exigé que « toutes les barricades soient levées et la liberté complète de mouvement rétablie » lundi.
« Situation complexe »
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a salué dimanche soir dans un tweet la décision de Pristina, appelant la « la levée immédiate de tous les barrages routiers ».
Dimanche soir, des centaines de Serbes du Kosovo avaient massé camions, camions-citernes et autres véhicules lourds sur les routes menant aux points de passage de Jarinje et Brnjak, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Une foule s’était alors installée autour des barricades, avec l’intention affichée d’y passer la nuit.
Les Serbes du Kosovo ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina, ni l’indépendance du Kosovo, et restent loyaux à Belgrade dont ils dépendent financièrement. Dans un discours à la nation, dimanche, le président serbe, Aleksandar Vucic, a déclaré que la situation au Kosovo n’avait « jamais été aussi complexe » pour la Serbie et les Serbes qui y vivent. « L’atmosphère a été portée à ébullition », a déclaré M. Vucic, ajoutant que « la Serbie gagnera » si les Serbes sont attaqués.
De son côté, Albin Kurti a accusé M. Vucic de déclencher des « troubles ». « Les prochaines heures, jours et semaines peuvent être difficiles et problématiques », a écrit le premier ministre kosovar sur Facebook.