« On a décollé tôt le matin. Je me sentais calme, et j’avais l’impression que toute l’Égypte m’accompagnait. Équipée d’une combinaison de vol anti-inflammable et protectrice, j’ai vu la couleur du ciel virer du bleu clair au foncé, puis au violet et enfin au noir : c’est le seul indice qui permet de savoir qu’on est arrivé dans l’espace.
Nous sommes restés 3 minutes et 30 secondes à flotter dans la capsule, à 107 kilomètres d’altitude. Au total, le vol dure entre 11 et 12 minutes. Passé le M.E.C.O. [ndlr : Main Engine Cut-Off, moment où la fusée se sépare de ses propulseurs], on peut quitter nos sièges et ressentir l’apesanteur. J’ai passé la plupart de ce laps de temps à regarder la surface de la Terre par le hublot. À cette altitude, on distingue les contours de l’Amérique du Nord. Une alerte nous demande de retourner à nos sièges, avant que la capsule ne redescende à grande vitesse – on a l’impression alors de faire cinq fois son poids.
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Il m’a fallu plusieurs semaines pour m’en remettre : le cerveau ne réalise pas tout de suite ce qui s’est passé. Chez les astronautes, on appelle cela « l’effet de surplomb », un changement de perspective sur le monde provoqué par le fait de voir la Terre depuis l’espace.