Le jour ne s’est pas encore levé sur Bamako. En cette nuit du 18 au 19 août 2020, les bruits de botte et le ballet de blindés se sont lentement dissipés. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) vient d’être contraint à lire publiquement sa démission, et les Maliens s’apprêtent à découvrir les nouveaux hommes forts du pays.
Sur les ondes de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM), la télévision publique, le quarteron de colonels qui a signé la chute d’IBK s’adresse pour la première fois au peuple malien. Cinq hommes, quatre lettres : le CNSP. Face caméra, assis en ligne derrière une table en bois, les officiers du Comité national pour le salut du peuple affichent des mines impassibles. Au centre, béret bleu vissé sur la tête, le plus gradé d’entre eux prend la parole.
Chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air depuis le mois de mars 2019, le colonel-major Ismaël Wagué a été désigné porte-parole de la junte. Il justifie le coup de force par « la gestion familiale des affaires de l’État » et la « gabegie » qui ont « fini de tuer toute opportunité de développement » pour le Mali. « Afin d’éviter au pays de sombrer, nous, forces patriotiques regroupées au sein du CNSP, avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire », conclut l’officier, âgé de quarante-cinq ans à l’époque.
Formé en Chine et au Maroc
Parmi les quatre autres colonels, qui se sont côtoyés au cours de leur formation, du Prytanée militaire de Kati à l’École militaire interarmes (Emia), le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale fait office d’outsider. De ses liens avec les autres putschistes, l’on ne sait presque rien. Il faut dire qu’avant d’intégrer l’armée de l’air en 2007, le jeune pilote de chasse a enchaîné les formations à l’étranger, de l’école royale de l’air au Maroc à l’école de guerre de Chine, en passant par le Nigéria.
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