Le chef de la junte guinéenne est venu mercredi 21 septembre au Mali, à la veille de la fête de l’indépendance de ce voisin également dirigé par des militaires, mais aussi d’un rendez-vous diplomatique lourd d’enjeux pour les deux pays, ont constaté des correspondants de l’AFP.
Ce déplacement du colonel Mamady Doumbouya, le premier hors des frontières depuis que lui et ses hommes ont pris le pouvoir par la force en septembre 2021, n’a donné lieu à une communication publique qu’après son arrivée.
Le colonel Doumbouya « a été accueilli, avec tous les honneurs, à sa descente de l’avion présidentiel de la République du Mali, par le président [Assimi] Goïta », chef de la junte malienne, ont indiqué les services de ce dernier dans un communiqué qui parle de « visite d’amitié et de travail ».
Les autorités maliennes ont envoyé l’avion chercher le colonel Doumbouya à Conakry. Des photos diffusées par les autorités maliennes montrent les deux hommes en treillis et béret effectuer le salut militaire. « Je suis à Bamako à côté de mon frère, le président Assimi Goïta, pour fêter l’indépendance du Mali et accompagner le peuple malien, qui est un peuple frère », dit le colonel Doumbouya cité dans le communiqué.
« De lourdes sanctions »
Le Mali célèbre jeudi le 62e anniversaire de son indépendance. Le même jour doit se tenir en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York un sommet extraordinaire de l’organisation des Etats ouest-africains (Cedeao) qui devrait être principalement consacré à la Guinée et au Mali. Le Mali, à deux reprises, et la Guinée font partie avec le Burkina Faso des pays de la Cedeao où les militaires se sont emparés du pouvoir au cours des deux dernières années.
Le sommet devrait examiner la réponse à apporter au plan des militaires guinéens de se maintenir pendant trois ans à la tête du pays avant de céder la place à des civils élus. Le président en exercice de la Cedeao, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, a prévenu mercredi que la Guinée allait au devant « de lourdes sanctions » si la junte persistait dans ce dessein.
La Cedeao a infligé en janvier un sévère embargo commercial et financier au Mali pour sanctionner le projet des militaires de rester au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta s’est depuis engagée sous la pression à organiser des élections en février 2024 et la Cedeao a levé l’embargo. Mais le Mali et la Guinée restent suspendus des organes de la Cedeao.
En ce qui concerne le Mali, c’est surtout le sort de 46 militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet à leur arrivée à Bamako et détenus depuis qui devrait occuper la Cedeao. L’affaire a encore dégradé les relations déjà tendues entre Bamako et Abidjan. La junte malienne qualifie ces soldats de « mercenaires » et les accuse d’avoir voulu attenter à la sûreté de l’Etat. La Côte d’Ivoire assure qu’ils venaient en mission pour l’ONU et dénonce « une prise d’otage ».
Les autorités guinéennes avaient été parmi les rares à se solidariser avec le Mali face aux sanctions et avaient maintenu les frontières ouvertes.
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