Le premier chargement de céréales ukrainiennes quittera le port d’Odessa lundi à 05h30 GMT, conformément aux termes de l’accord avec la Russie signé à Istanbul, a annoncé le ministère turc de la Défense. « Le cargo Razoni battant pavillon de la Sierra Leone et chargé de maïs quittera le port d’Odessa à destination du Liban à 08H30 (05H30 GMT) », a précisé le ministère dans un communiqué.
Les informations à retenir :
- Le premier chargement de céréales ukrainiennes quittera le port d’Odessa lundi
- Un drone explosif a blessé six personnes dimanche au quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol
D’autres convois vont suivre ce premier départ en respectant « le couloir (maritime) et les formalités convenus », ajoute le ministère.
Signé le 22 juillet à Istanbul, l’accord qui permet la reprise des exportations ukrainiennes vise à atténuer une crise alimentaire mondiale qui a vu les prix monter en flèche dans certains des pays parmi les plus pauvres au monde.
Une capacité de cale de 30.000 tonnes
Selon le site Marine Traffic qui permet de suivre les déplacements des bateaux, le Razoni était toujours à quai lundi à 05h00 GMT dans le port d’Odessa auquel il a signifié son départ à 04H30 GMT. Construit en 1996 et long de 186 m sur 25 de large, le Razoni a une capacité de cale de 30.000 tonnes.
Le Centre de coordination conjointe (CCC), chargé du contrôle des exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, a été inauguré mercredi à Istanbul conformément à l’accord. Il associe des représentants des deux belligérants, ainsi que de la Turquie et des Nations unies.
Le CCC doit immatriculer et suivre les navires marchands qui participeront aux convois, assurer leur suivi via internet et par satellite, faire inspecter les bateaux au moment du chargement dans les ports ukrainiens et à leur arrivée dans les ports turcs.
Un drone explosif blesse six personnes
Un drone explosif a blessé six personnes dimanche au quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol, en Crimée, une attaque inédite qui a mis en état d’alerte ce bastion russe dans la péninsule ukrainienne annexée par Moscou.
Les frappes russes se poursuivent sur les villes ukrainiennes, notamment Mykolaïv, où le bombardement le plus violent depuis le début de la guerre a tué au moins deux habitants, selon les autorités locales. Dans la nuit de dimanche à lundi, de « puissantes explosions » ont retenti de nouveau dans cette ville du sud, a indiqué son maire, Oleksandr Senkevych sur Telegram.
Volodymyr Zelensky accuse les forces russes de pratiquer une tactique de « terreur »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé samedi les forces russes de pratiquer une tactique de « terreur » par leurs bombardements sur les villes ukrainiennes, annonçant l’évacuation générale de la population de la région de Donetsk (est).
À Sébastopol, ville portuaire qui avait continué d’abriter la flotte russe de la mer Noire après la fin de l’Union soviétique aux termes d’un accord avec Kiev, mais qui a été formellement annexée par Moscou avec le reste de la Crimée en 2014, c’est un drone qui a explosé dans la cour de l’état-major de la Flotte russe, faisant six blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur Mikhaïl Razvojaïev.
Le niveau « jaune d’alerte antiterroriste » décrété
Les autorités ont décrété le niveau « jaune » (intermédiaire) d’alerte antiterroriste après cette attaque assez mineure au vu des images mises en ligne par le gouverneur de Sébastopol, qui montrent des bris de vitres sur le sol.
« Les ukro-nazis ont décidé de nous gâcher la Journée de la Flotte militaire russe », a écrit le gouverneur, reprenant une expression couramment utilisée par les autorités et la propagande russe pour désigner les forces de Kiev. Il a précisé que les festivités étaient annulées et a demandé aux habitants de la ville de ne pas quitter leur domicile « si possible ».
Les autorités ukrainiennes ont démenti être à l’origine de cette attaque inédite, qualifiant les accusations russes de « provocation délibérée ».
L’Ukraine inflige plusieurs humiliations à la flotte russe
La Marine ukrainienne a émis l’hypothèse d’un prétexte pour annuler les festivités prévues à Sébastopol par peur d’une véritable attaque.
« En réalité, (…) pour ne pas être humiliés aux yeux du monde par leur peur de l’armée ukrainienne, les Russes ont +inventé+ une excuse pour annuler les célébrations », a-t-elle écrit sur Facebook.
L’Ukraine, quoiqu’envahie partiellement depuis le 24 février, et sous le feu de l’artillerie et des missiles de croisière russes, a infligé plusieurs humiliations à la flotte russe, coulant d’abord son navire amiral, le croiseur Moskva, puis reprenant le contrôle de l’Ile des serpents, un îlot stratégique face à l’embouchure du Danube.
Le président russe, Vladimir Poutine, a célébré la journée de la Flotte russe loin de Sébastopol, à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), avec un discours promettant l’arrivée « dans les prochains mois » d’un nouveau missile de croisière hypersonique qui « ne connaît aucun obstacle ».
Mykolaïv, cible de bombardements russes massifs
Dans le Sud de l’Ukraine, les autorités de Mykolaïv ont assuré dimanche que la ville avait été la cible de bombardements russes massifs, probablement « les plus forts » depuis le début de la guerre en février, qui ont fait au moins deux morts, selon le maire Senkevytch.
Ces frappes ont causé la mort d’Oleksiï Vadatoursky, propriétaire de la principale société ukrainienne de logistique céréalière et de son épouse. « C’était l’un des plus importants entrepreneurs agricoles du pays, une personnalité clef de la région et un important employeur », a souligné sur Telegram Mikhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, disant croire dans ce cas à une frappe ciblée.
Dans son adresse dominicale, le président Zelensky a rendu hommage à Oleksiï Vadatoursky, qu’il a qualifié de « héros de l’Ukraine ».
Les habitants de la région de Donetsk appelés à évacuer
D’autres frappes ont touché les régions de Kharkiv (est) et Soumy (nord-est). Quelques bâtiments ont été endommagés dans « une série d’explosions » à Kharkiv, a annoncé le maire de la deuxième ville ukrainienne, Igor Terekhov.
Une personne a été tuée et deux blessées dans la région de Soumy qui a été la cible de « plus de 50 frappes » au cours des dernières 24 heures, selon le gouverneur Dmytro Jyvytsky.
Samedi soir, Volodymyr Zelensky a appelé les habitants de la région de Donetsk à se conformer à l’ordre d’évacuation, pour échapper à la « terreur russe » et aux bombardements sur ce territoire de l’est du pays, largement sous contrôle de Moscou.
200.000 civils encore présents dans la région de Donetsk
Au moins 200.000 civils vivent encore dans les territoires de la région de Donetsk qui ne sont pas sous occupation russe, selon une estimation des autorités ukrainiennes.
Vendredi, l’explosion d’un hangar abritant des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, a fait 50 morts et 73 blessés graves. Un « crime de guerre russe délibéré », selon M. Zelensky.
Mykhailo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, a mis en doute dimanche la version d’une « frappe » avancée par les Russes, qui en accusent l’armée ukrainienne. « Une frappe ? Non, une attaque terroriste », a-t-il écrit sur Twitter. « 1. Les images satellites montrent que seul un bâtiment a été endommagé. 2. Les prisonniers avaient été amenés là juste avant l’attaque. 3. L’analyse des photos montre une explosion thermobarique depuis l’intérieur », a-t-il affirmé.
Le Comité international de Croix-Rouge a déclaré dimanche n’avoir toujours pas reçu d’autorisation officielle de Moscou de se rendre sur les lieux, et souligné qu’il était « impératif que le CICR ait accès immédiatement » au site et aux victimes.
Samedi soir, le ministère russe de la Défense avait affirmé avoir « officiellement invité » des experts de l’ONU et du CICR à se rendre sur place « dans l’intérêt d’une enquête objective ».
L’Ukraine avait dès vendredi demandé au CICR et à la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies, qui avaient supervisé en mai la reddition négociée avec les Russes des défenseurs de l’usine d’Azovstal à Marioupol (sud-est), de se rendre à Olenivka. Le président Zelensky avait souligné que l’ONU et le CICR s’étaient portés « garants » de la vie des soldats ukrainiens et devaient « réagir ».
Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique d’Azovstal, environ 2.500 combattants ukrainiens s’étaient rendus et Moscou avait fait savoir qu’ils seraient incarcérés à Olenivka.
Accusé vendredi par le Comité d’enquête russe d’avoir bombardé le centre de détention de ses propres soldats avec des missiles « américains », l’armée ukrainienne a balayé ces affirmations, estimant qu’il s’agissait pour les forces russes ou séparatistes de « camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions » commises.
Selon le renseignement ukrainien, l’attaque « a été réalisée par des mercenaires de la division Wagner », compagnie russe de mercenaires dont les hommes ont été accusés de crimes en Syrie et en Afrique notamment.