in

L’anxiété liée au dérèglement climatique, source d’une nouvelle radicalité militante

L’anxiété liée au dérèglement climatique, source d’une nouvelle radicalité militante


Analyse. Les jeunes activistes mobilisés pour le climat et contre l’« inaction » des gouvernements et des grandes entreprises multiplient les coups d’éclat. Pas un jour ou presque sans que l’une de leurs actions n’attire l’attention des médias. Jets de purée, de sauce tomate ou de peinture sur des tableaux ou des statues, blocages de circulation sur des grands axes routiers. Provoquant souvent l’incompréhension ou la colère de ceux qui subissent les perturbations liées à ces actions.

Celles-ci sont-elles inédites ? Ces nouveaux militants, un terme auquel ils préfèrent « citoyens engagés », marquent-ils une rupture par rapport aux générations précédentes, celles qui ont rejoint Greenpeace créé au début des années 1970, ou qui ont agi avec Alternatiba ou ANV-COP21 (Action non violente-COP21) dans les années 2010 ? Pas vraiment : ces derniers concevaient déjà des actions spectaculaires et illégales pour dénoncer le nucléaire, les industries polluantes ou l’inaction climatique.

Les initiatives récentes, organisées souvent par Dernière rénovation (mouvement français créé en avril, membre du réseau international A22), et, depuis mars 2019 par Extinction Rebellion (né au Royaume-Uni un an plus tôt), cherchent d’abord à attirer l’attention. Certaines actions s’apparentent à des sabotages, un mot que certains assument, comme les « Sangliers radicalisés » qui s’attaquent aux golfs, ou le collectif international Tyre Extinguishers organisant des dégonflages de pneus de SUV depuis mars 2022.

Cibles de choix

Ces militants préfèrent des actions plus radicales, faciles à organiser, reprochant aux « anciens » leur structure centralisée. Ils affirment avoir marché pour le climat, signé des pétitions, sans succès. « Les marches pour le climat ont eu le mérite de mobiliser des gens qui, pour certains, sont passés à des modes d’action plus directe », remarque Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Pour sensibiliser à l’urgence climatique, une nouvelle génération d’activistes à l’œuvre : « Si on ne sabote pas, il ne se passera rien »

Pour toucher l’opinion publique, les rendez-vous sportifs, les concerts sont devenus des cibles de choix. « Ce qui est nouveau, c’est qu’ils agissent sur un terrain qui n’est pas directement lié à une thématique environnementale, à la différence des organisations qui visent des centrales nucléaires, des ministères ou les portraits de Macron dans les mairies », analyse Alexis Vrignon, chercheur à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, coauteur d’Une histoire des luttes pour l’environnement. XVIIIe-XXe, trois siècles de débats et de combats (Textuel, 2021).

L’impatience face à l’urgence climatique est le dénominateur commun de ces jeunes, la plupart ayant plutôt entre 20 et 30 ans, et ayant suivi des études supérieures. Le logo d’Extinction Rebellion, un X dans un cercle représentant un sablier au cœur de la planète, en est l’illustration. Durant leurs actions, ils témoignent d’une anxiété extrême, jugeant que leur avenir est compromis, au point que certains affirment ne pas vouloir avoir d’enfants. A leurs yeux, se coller la main sur un boulevard périphérique est un geste d’autodéfense.

Il vous reste 46.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Violente explosion à Zuienkerke: trois blessés

Violente explosion à Zuienkerke: trois blessés

Une ancienne faille de sécurité revient hanter le Twitter d'Elon Musk

Une ancienne faille de sécurité revient hanter le Twitter d’Elon Musk