Robert Lindgren, directeur de l’aéroport de Skelleftea, à 700 kilomètres au nord de Stockholm, se retrouve actuellement à la table des négociations, car les journées « où il passait son temps à gérer » dans son entreprise sont révolues. Il travaille désormais à l’ouverture de nouvelles lignes aériennes avec le groupe Air France-KLM, et travaille à l’électrification de l’aéroport pour en faire un centre de test international destiné à l’aviation électrique en milieu arctique.
Il y a dix ans, Robert Lindgren se demandait où ses deux enfants, âgés de 13 et de 16 ans, vivraient plus tard. En général, les jeunes quittaient la ville après le lycée, et peu d’entre eux y retournaient. Aujourd’hui, le quadragénaire n’a plus à s’inquiéter. « S’ils ont envie de rester à Skelleftea, ils n’auront aucun problème à trouver du travail », dit-il. La compétition pour la réindustrialisation « verte » a transformé le nord de la Suède en l’une des régions les plus attrayantes d’Europe en quelques années.
Située sur la rive du golfe de Botnie, au milieu des forêts enneigées, Skelleftea en est l’exemple. Johan Norberg, chef instructeur à Green Flight Academy, une école de pilotage écoresponsable fondée sur place en 2021, montre d’énormes bâtiments gris en bordure de ville, où se trouve la méga-usine de batteries de la start-up suédoise Northvolt. « La blague qui circule dans le coin est que si tout cela ne fonctionne pas, nous aurons le plus grand centre de padel au monde », dit-il en souriant.
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La plaisanterie en dit long sur l’incrédulité de certains autochtones face à la transformation en cours qui « n’est pas seulement industrielle, mais aussi sociétale », précise l’ingénieur Peter Larsson, nommé « coordinateur pour la transformation durable de l’industrie et de la société dans le Norrbotten et le Västerbotten » en 2020. Il estime que les deux régions les plus septentrionales du pays, où vivent actuellement 500 000 personnes, devraient voir leur population augmenter de 100 000 habitants dans les prochaines décennies et que « plus de 1 000 milliards de couronnes » (90 milliards d’euros) devraient être investis. M. Larsson affirme que cela « n’a jamais été vu auparavant en si peu de temps ».
Grands espaces
Skelleftea garde la tête froide. Le travail à accomplir est énorme. En 2015, la municipalité, dirigée depuis quatre-vingts ans par les Sociaux-démocrates, avait élaboré un plan, pour accroître sa population, stagnante depuis des décennies. Evelina Fahlesson, vice-présidente du conseil municipal, explique : « Nous savions qu’à moins d’inverser la tendance nous ne serions plus à même de maintenir la qualité des services municipaux ». L’objectif était de faire passer le nombre d’habitants de 72 000 à 80 000 à l’horizon 2030.
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