Dans la pensée populaire, « dérèglement climatique » rime avec « pollution » et vice versa. L’Afrique, qui contribue peu aux émissions de gaz à effet de serre – 4 % des émissions mondiales par 18 % de la population de la planète –, pourrait donc s’imaginer être un havre d’air pur. Illusion de citadin, si l’on en croit deux études récentes.
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Une enquête de l’organisme américain Health Effects Institute démontre qu’en Afrique subsaharienne, le taux de mortalité liée à la pollution de l’air est de 155 décès pour 100 000 personnes, soit presque le double de la moyenne mondiale, qui n’est que de 85,6 décès pour 100 000 personnes. Dans les métropoles, le chiffre atteint effectivement le double des données mondiales.
Les nuages de pollution ne s’arrêtent pas aux frontières des villes
Si la pollution « tueuse » est d’abord urbaine – comme le démontre l’étude de l’ONG britannique Clean Air Fund concentrée sur les cas d’Accra, de Lagos, de Johannesburg et du Caire –, l’Afrique traditionnellement rurale ne saurait se rassurer. Primo, les nuages de pollution ne s’arrêtent pas aux frontières des villes. Secundo, les experts de la population prédisent que d’ici à 2060 les deux tiers des Africains devraient vivre dans des zones urbaines. Avant 2100, cinq des dix plus grandes mégapoles du monde devraient se situer sur le continent.
Fléau létal et économiquement délétère
Depuis des années, des études alertent sur le fait que la pollution atmosphérique a provoqué la mort prématurée d’Africains dont le nombre s’élèverait déjà, selon certaines sources, à plus d’un million. Alors que le continent a la réputation d’être peu industrialisé, l’étude de Clean Air Fund explique le phénomène polluant par le manque de transports en communs efficients, la combustion de déchets en plein air et la présence des industries minières et pétrolières à proximité des centres urbains.
La Cop27 devrait aborder les solutions écologiques idoines pour enrayer le phénomène
Un fléau non seulement létal, mais économiquement délétère pour des survivants dont la santé de plus en plus précaire les conduit vers des arrêts de travail de plus en plus fréquents. Au total, le rapport du Health Effects Institute prévoit que « les coûts financiers de la pollution atmosphérique vont être multipliés par six d’ici à 2040 ». Une ville qui réduit les émissions de CO2, c’est une ville qui fait des économies.
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Il reste donc à enrayer la pollution par les solutions écologiques idoines que devrait aborder la Cop27 qui se tiendra, en ce mois de novembre, sur le continent africain, à Charm el-Cheikh. Des solutions collectives, comme l’investissement communal dans les transports en commun, ou individuelles, comme le recours des ménages à des cuisinières « écolo-compatibles ». Encore faut-il que les urgences diplomatiques et les obsessions politiciennes ne polluent pas le discours environnemental.