C’est sur une immense déception que devait s’achever, mardi 15 novembre, la séance inaugurale du Conseil du Paris. Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, et les Républicains (LR) parisiens avaient décidé de boycotter le débat d’orientation budgétaire pour protester contre la décision d’Anne Hidalgo, la maire de la capitale, d’augmenter la taxe foncière de 7 points, qui passe de 13,5 % à 20,5 %, soit un bond de plus de 50 %. Pas de Rachida Dati dans l’hémicycle et donc annulation de dernière minute du spectacle pyrotechnique annoncé, celui de ses échauffourées verbales telluriques, sur un sujet hautement inflammable qui plus est, entre la maire de Paris et sa meilleure adversaire.
Mais l’opposition de droite est tellement ulcérée par le reniement de l’engagement de campagne d’Anne Hidalgo de ne pas augmenter les impôts locaux qu’elle a pris le parti de ne pas contredire l’exécutif parisien en séance. Cela ne l’a pas empêché, dans les jours précédents, d’alimenter un net regain de « Hidalgo bashing ». Catherine Dumas, sénatrice de Paris et vice-présidente du groupe LR au Conseil de Paris, évoque « une atteinte grave à la démocratie locale car le rapport d’orientations budgétaires a été reçu par l’opposition avec cinq jours de retard ». Elle décrit une « ville en faillite minée par la dette – environ 8 milliards » et réclame « la mise sous tutelle ».
Sa collègue, Marie-Claire Carrère-Gée, présidente LR de la commission des finances du Conseil de Paris, qualifie cette hausse de « fuite en avant ». « Pour continuer à ne pas faire d’économies, elle fait les poches des Parisiens », a-t-elle déclaré à propos de Mme Hidalgo, se permettant même une référence cinématographique peu avantageuse : « C’est comme pour OSS 117. On se demande tout du long du film s’il est très con ou très intelligent. » Il y a deux mois, Anne Hidalgo avait annoncé qu’elle avait du mal à boucler le budget de la Ville, 250 millions d’euros restant à trouver. « Elle tente le tout pour le tout en mettant l’intégralité des difficultés sur le dos de l’Etat qui est un grand méchant », poursuit Mme Carrère-Gée.
« Manque de vision »
Effectivement, pour justifier une augmentation drastique de l’impôt local, Paul Simondon, l’adjoint d’Anne Hidalgo aux finances, multiplie les contre-attaques, cible une majorité gouvernementale qui lorgne de moins en moins discrètement sur une victoire aux prochaines élections municipales en 2026 et qui ne fera aucun cadeau à Anne Hidalgo : « Face à l’inflation, à la crise énergétique, l’Etat a décidé de ne pas soutenir les grandes villes », affirme-t-il.
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