Soudain, tout était comme secondaire, et la planète numérique s’est écharpée sur le rachat, jeudi 27 octobre, de Twitter par Elon Musk pour 44 milliards de dollars (44,24 milliards d’euros). Même le proscrit le plus célèbre du fameux réseau, celui qui n’a plus de droit de cité sur le forum numérique depuis sa tentative de coup d’Etat du 6 janvier 2021, s’est invité dans le débat. « Je suis très heureux que Twitter soit désormais entre de bonnes mains et ne soit plus dirigé par des fous et des maniaques de la gauche radicale qui détestent vraiment notre pays », a écrit, vendredi 28 octobre, Donald Trump sur son propre réseau social.
Le débat a pris une tournure surprenante, chacun s’appropriant le réseau et interpellant personnellement le nouveau maître des lieux, Elon Musk, l’homme le plus riche du monde. Chacun y va de sa remarque personnelle, créant une prétendue intimité avec M. Musk, l’homme aux 112 millions d’abonnés. Ce dernier twitte, « l’oiseau est libéré ». Thierry Breton, le commissaire européen au numérique, lui répond directement : « En Europe, il volera selon nos règles. » « Cela va susciter la polémique, mais la censure des plates-formes était clairement allée trop loin », écrit depuis son refuge russe l’ancien informaticien et lanceur d’alerte Edward Snowden.
Il y a ceux qui testent la censure, en insultant Elon Musk, et montrent sa photo en compagnie de Ghislaine Maxwell, la rabatteuse du pédophile Jeffrey Epstein suicidé en prison. Les détournements d’images et autres plaisanteries pleuvent par centaines. Certains interpellent M. Musk pour proposer leurs services, demander la certification de leur compte Twitter, tel Kyle Rittenhouse, jeune extrémiste de droite fou des armes qui tua deux personnes dans les émeutes de Kenosha à l’été 2020 mais fut acquitté pour légitime défense. D’autres encore appellent au déblocage de leur compte : « Hé ! @Elon Musk ! C’est Lana Del Rey et je tweete depuis mon compte de secours. Pensez-vous possible de réactiver mon compte désactivé ? »
Pendant tout le week-end, Républicains et extrême droite ont jubilé, alors qu’Elon Musk retwittait un message conspirationniste sur Paul Pelosi, l’époux de la speaker de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, victime d’une agression. La gauche est consternée, le New York Times fait mine d’organiser la résistance : « Après la prise de fonction d’Elon Musk, certains utilisateurs de Twitter se sont demandé s’ils devaient prendre des mesures supplémentaires pour protéger leurs comptes, voire les supprimer », tandis que General Motors, concurrent de Tesla, la firme automobile d’Elon Musk, a suspendu ses investissements publicitaires sur Twitter.
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