Alexis Vrignon est historien, maître de conférences à l’université d’Orléans, coauteur d’Une histoire des luttes pour l’environnement (Textuel, 2021) et auteur de La Naissance de l’écologie politique en France (PUR, 2017). Il revient sur le contexte politique actuel, qui voit dans le même temps se multiplier les actions de militants écologistes – non sans quelques heurts comme ce fut le cas à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) – et l’ouverture du congrès d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Or, ces tensions entre militants et personnalités politiques écologistes s’inscrivent, selon le chercheur, dans une longue histoire.
Depuis septembre, de nombreuses actions écologistes ont eu un retentissement médiatique : happenings de jeunes militants dans des musées du monde entier, ZAD de La Clusaz (Haute-Savoie), manifestations contre les mégabassines à Sainte-Soline… Ces actions, si elles ont des références et des objectifs communs, sont pourtant différentes les unes des autres. Peut-on en faire une typologie ?
Tout d’abord, on a vu prendre place un type de mobilisation que l’on observe assez fréquemment dans l’histoire : celui qui s’installe en réponse à un conflit d’usage localisé, avec une mobilisation sur le terrain de militants divers et variés dans leur origine. C’est ce type de mobilisation qui avait vu le jour au Larzac dans les années 1970, mais aussi dans le cadre des luttes antinucléaires et, dans une certaine mesure, même si les événements ne sont pas comparables, à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) dans les années 2010.
Il y a aussi toute une série d’actions – qui avaient déjà commencé à se multiplier avant la crise sanitaire due au Covid-19 – reposant sur l’occupation de l’espace public : je pense, par exemple, à l’organisation Dernière Rénovation devant l’Assemblée nationale, menée le 3 novembre, durant laquelle des militants et des militantes se sont collés à la chaussée pour attirer l’attention des médias et du public sur la question de la rénovation énergétique.
Mais la forme d’activisme qui a le plus frappé en cette rentrée, parce qu’elle est en partie nouvelle, c’est celle qui prend des œuvres d’art reconnues comme support pour interpeller l’opinion. Le lieu investi change de l’ordinaire, puisqu’il n’y a pas de lien direct entre les œuvres (ou les musées où elles sont conservées) et la question climatique. Ces actions s’inscrivent dans une stratégie de médiatisation des enjeux écologistes, plutôt que d’opposition ou de promotion d’un projet particulier.
Il vous reste 77.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.