L’Eglise catholique possède un patrimoine immobilier estimé à 6,5 milliards d’euros en France, selon l’émission « Complément d’enquête » (19 janvier 2023). Michel Turin, auteur de « Sacré Business. L’incroyable marché des biens immobiliers du clergé » (Robert Laffont, 222 pages, 19,50 euros), quant à lui, estime que « le parc immobilier détenu par l’Eglise en France porterait sur plus de 100 000 édifices ». Ce patrimoine comprend non seulement des églises et des chapelles, mais également des immeubles et des hôtels. Ils sont occupés par des congrégations ou consacrés à l’enseignement religieux, entre autres.
Cependant, le statut de ce patrimoine est précaire. L’Eglise est déjà passée par deux épisodes de diminution de son patrimoine foncier. Jusqu’au XVIIIe siècle, environ deux tiers du parc foncier parisien appartenaient à l’Eglise de France. Cependant, l’Etat a confisqué ou nationalisé une grande partie des biens du clergé après la Révolution française, puis du vote de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Aujourd’hui, l’Eglise catholique ne possède que moins de 3% du patrimoine foncier de la capitale.
La religion a perdu de son influence en France. Cette évolution a donc entraîné une diminution du nombre de pratiquants. Les congrégations n’attirent plus autant qu’avant, et de nombreux religieux dans des monastères ou couvents coûteux à entretenir. Vendre leur apparaît donc rapidement comme la seule solution, d’autant que les promoteurs immobiliers se montrent intéressés. Les biens de l’Eglise sont prestigieux et faciles à valoriser. Certains promoteurs passent même des accords avec des congrégations pour les acquérir, quitte à leur permettre de rester sur place.
Cela représente également une rentrée d’argent pour l’Eglise. Le produit de ces ventes est souvent utilisé pour financer le développement du catholicisme à l’étranger, notamment en Afrique. Autrement dit, l’argent quitte les espaces où la pratique est en berne pour aller là où elle est plus dynamique. D’ailleurs, les membres des congrégations ont également tendance à migrer de la même façon.
Pour Michel Turin, la gestion de ce patrimoine s’est largement professionnalisée, mais celui-ci reste menacé d’une « troisième extinction ». L’incertitude qui entoure l’Eglise et son futur sur le territoire français, face un contexte laïc et hostile, peut laisser penser que l’Eglise sera, à terme, condamnée à vendre son patrimoine, n’ayant plus les moyens de faire face à l’entretien de tous ces biens.
