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Heurtel, Grebennikov, Da Costa… Ces sportifs français qui restent ou partent en Russie malgré la guerre en Ukraine

Heurtel, Grebennikov, Da Costa… Ces sportifs français qui restent ou partent en Russie malgré la guerre en Ukraine


La nouvelle était attendue, mais elle a tout de même frappé les esprits. Le 21 septembre, le club de basket russe du Zénith Saint-Pétersbourg annonçait en grande pompe sur les réseaux sociaux l’arrivée du Français Thomas Heurtel dans ses rangs, pour un contrat d’un an renouvelable une année supplémentaire. Depuis plusieurs semaines déjà, les contacts entre le meneur des Bleus et le champion en titre de la VTB United League, la ligue professionnelle d’Europe de l’Est, faisaient l’objet de rumeurs. L’intéressé, lui-même, les avait reconnues.

Sa présence à l’Eurobasket avec la délégation tricolore, début septembre, avait toutefois laissé imaginer une issue différente. Pour être du voyage en Allemagne, Thomas Heurtel avait en effet dû signer – comme les autres joueurs et les membres de l’encadrement – une attestation sur l’honneur précisant qu’il n’était pas engagé et ne s’engagerait pas avec une formation russe ou biélorusse pendant la durée du conflit avec l’Ukraine, sous peine de perdre sa place dans la sélection nationale.

Cette attestation, la Fédération française de basket-ball (FFBB) avait décidé de la mettre en place, au cœur de l’été, en réponse aux départs vers la Russie des internationaux Livio Jean-Charles et Louis Labeyrie, respectivement au CSKA Moscou et à l’Unics Kazan. Mais, pour ces derniers, les enjeux n’étaient pas tout à fait les mêmes : le premier n’affiche que quatre sorties avec les Bleus et n’a jamais pris part à une grande compétition internationale ; le second, bien que médaillé de bronze au Mondial 2019, n’est plus un membre indiscutable du collectif tricolore. Avec plus de 90 sélections au compteur, Thomas Heurtel est en revanche une pièce maîtresse de l’équipe de France et a largement contribué au beau parcours des Bleus lors de l’Euro, perdu en finale face à l’Espagne.

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« Si Thomas Heurtel était amené à jouer avec le club du Zénith, (…) le meneur de jeu ne respecterait alors plus les critères de sélection pour les prochaines échéances internationales, incluant les Jeux olympiques 2024, conformément à la décision prise par le bureau fédéral, le 28 juillet dernier », a réagi la FFBB dans un communiqué. Reste que, si le joueur décidait de ne pas activer son année de contrat en option et de quitter la Russie en juin 2023, ledit bureau fédéral se réunirait de nouveau et prendrait une décision sur ce type de cas spécifique, fait-on savoir du côté de l’instance. La possibilité de voir le meneur porter le maillot de l’équipe de France à la Coupe du monde, organisée aux Philippines, au Japon et en Indonésie en septembre 2023, et surtout aux JO à Paris, n’est donc pas exclue.

Différents cas de figure

« Les règles du jeu avaient été très clairement posées », rappelait au micro de Franceinfo la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, en marge du festival Demain le sport à Paris, le 22 septembre, avant de poursuivre : « Il ne doit pas y avoir d’exception, après il faut regarder les situations de manière individuelle. Certains joueurs sont parfois engagés de longue date en Russie, mais, en tout cas, tout nouveau joueur qui s’engage en Russie sait très bien ce à quoi il s’expose. »

Le « cas Thomas Heurtel » a relancé le débat sur le devenir en sélection nationale des sportifs évoluant en Russie ou en Biélorussie. A ce jour, seule la FFBB a adopté une position officielle sur le sujet, mais le problème ne se limite pas au ballon orange. Début août, Yohann Auvitu, 33 ans, l’un des meilleurs défenseurs français en hockey sur glace, rejoignait pour un an le club russe de Neftekhimik Nijnekamsk, une formation de KHL (la ligue rassemblant des clubs russes, kazakhs, biélorusses et chinois), l’une des plus relevées au monde après la prestigieuse NHL nord-américaine. De plus, un autre joueur-clé des Bleus joue en Russie depuis 2018 : l’attaquant Stéphane Da Costa, qui, après un passage à Iaroslavl et Kazan, a signé un contrat de deux ans à Iekaterinbourg en 2021.

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Les cas de figure sont différents, insistait Pierre-Yves Gerbeau, le président de la Fédération française de hockey sur glace (FFHG), auprès de l’Agence France-Presse en marge d’une rencontre avec les médias, début septembre. « Yohann a décidé de faire la distinction entre politique et sport. Il avait une opportunité économique. Les salaires sont beaucoup plus élevés en Russie. [Stéphane] est parti il y a trois ans, avant le drame humanitaire en Ukraine. Il aimerait bien rentrer, mais il a un contrat à honorer. Il estime que c’est une injustice. »

A huit mois du Mondial de la discipline, en Lettonie et en Finlande, l’avenir des deux hommes en équipe de France semble compromis. « Dans le contexte actuel de l’invasion russe en Ukraine, ça me paraît extrêmement compliqué de [les] sélectionner », reconnaissait M. Gerbeau, dont l’instance s’était engagée dès le début du conflit pour apporter son soutien aux réfugiés. Plusieurs pays, comme la Suède et la Finlande, ont déjà décidé de bannir de leurs effectifs nationaux les joueurs qui évoluent en KHL et le sujet sera discuté au congrès de la Fédération internationale de hockey sur glace, prévu du 29 septembre au 1er octobre.

« Pas anodin de dire “je m’en vais” »

« Ce serait bien qu’il y ait une position commune à toutes les fédérations » françaises, insistait le président de la FFHG, appelant de ses vœux une clarification du Comité national olympique. Même constat du côté de la Fédération française de volley-ball (FFVB). « Quand la fédération internationale a décidé de suspendre la Russie et la Biélorussie des compétitions, c’était une ligne claire. On la respecte et il n’y a pas de débat. Aujourd’hui, il n’y a pas de ligne par rapport à [la sélection des internationaux qui jouent en Russie] », résume son président, Eric Tanguy.

Pour l’heure, la situation ne concerne qu’un volleyeur : Jenia Grebennikov. Le libero avait été retenu dans le groupe France pour le Mondial, qui a eu lieu en Slovénie et en Pologne pendant l’été 2022, bien qu’il évolue au Zénith Saint-Pétersbourg. Et on le verra probablement de nouveau porter le maillot tricolore dans de grandes compétitions.

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Déjà en Russie avant l’invasion de l’Ukraine, Jenia Grebennikov entame sa deuxième saison – sur trois prévues – avec le club pétersbourgeois, justifie le président de la FFVB, qui souligne aussi l’aspect juridique et les éventuelles sanctions, voire condamnations financières, en cas de rupture de contrat. « Ce n’est pas anodin de dire “je m’en vais” », insiste M. Tanguy. En revanche, assure-t-il, si un joueur est tenté par une aventure en Russie à l’avenir, il tentera personnellement de l’en dissuader.

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